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Antônio Xerxenesky – Avaler du sable

Dans une petite ville ensablée, Mavrak, deux familles se déchirent pour le partage des terres depuis toujours. Les Ramirez et les Marlowe. Ces deux familles vouent une haine envers l’autre sans égal. Par une nuit, Martin est envoyé par son père – Miguel -en exploration chez les Marlowe pour découvrir ce qui se trame dans la cave. Mais de cette exploration en découlera la fuite de Martin après des coups de feu et la mort mystérieuse de ce dernier avant le lever du jour.
Mavrak est une ville sans shérif, car le crime est traité de manière expéditive avec la potence et sa corde rigide comme la justice. Dans cette ville où le sable s’infiltre de partout, y compris entre les dents, l’arrivée du shérif Thornton est très mal venue et la méfiance se confond avec l’espoir que le meurtre de Martin soit résolu. Mais Miguel a un autre plan et demande un coup de main à son plus jeune fils Juan pour l’aider dans son plan des plus tordu.

Et je m’arrêterai là sur le résumé, la surprise doit rester quasi entière tant Antônio Xerxenesky a à offrir dans ce premier roman. Influencé par Cormac McCarthy et Thomas Pynchon, comme par Sergio Leone, Sam Peckinpah ou Clint Eastwood, ce jeune auteur et éditeur dans son pays, a toutes les bonnes cartes en main pour nous offrir un merveilleux duel dans un aride Far West. Le Brésil le nouveau pays des westerns.
Deuxième livre de l’auteur, au Brésil, et premier roman traduit en français chez nous grâce à la maison d’éditions Asphalte, Avaler du sable tient toutes ses promesses. Ce western sent bon le sable, le whisky et les Colts. Le soleil cogne dur et le bar de McCoy a un doux parfum de sueur et d’alcool. Les duels sont millimétrés et les indiens guettent au loin.

Mais encore un western me direz-vous ? Ben en fait non ! Car Pynchon oblige, l’œuvre est en plein dans la métafiction et l’auteur du texte, le petit fils de José, lui-même fils de Martin celui là même assassiné mystérieusement – il faut suivre un peu tout de même- donc le petit-fils de José pour occuper ses journées de retraité entre deux verres de Tequila intervient au fil du roman pour nous plonger dans sa réalité de nos jours. Le texte se construit et se chamboule sous nos yeux et ce qui devait être un récit biographique basé sur les histoires racontées par ses ancêtres se transforme progressivement en un conte protéiforme rempli de folie et de transgression du devoir de mémoire inhérent à toute biographie.

Comme je le disais, il s’agit du premier roman publié chez Asphalte et merveilleusement traduit par Mélanie Fusaro, Avaler du sable est d’une simplicité déroutante. L’histoire emmène le lecteur dans un univers tout droit sorti d’un plateau hollywoodien, puis nous virevolte dans la folie douce de l’auteur – le petit-fils de José – mais reste d’une incroyable cohérence. Texte court se lisant d’une traite, l’hommage à ses pairs est palpable et les clins d’œil nombreux. Une belle découverte et un auteur, espérons le, qui sera aussi passionnant sur ses prochains romans.

imagesAsphalte Éditions
Traduction Mélanie Fusaro
177 pages

Ted.

À propos Ted

Fondateur, Chroniqueur

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