Accueil » Littérature Française » Antoine Volodine – Terminus radieux

Antoine Volodine – Terminus radieux

Après la chute de la seconde Union Soviétique, la débâcle de la population, l’anéantissement de l’Orbise et l’hymne désolée de fin du monde,  Iliouchenko, Kronauer et Vassilissa Marachvili, acteurs hallucinés d’un monde en ruine, sont contraints de se réfugier en territoire rendu inhabitable par la somme des catastrophes nucléaires pour échapper à l’oppression.
Dans cette taïga, aux biomes entachés par la mort, la vie n’est plus possible. L’espérance décroit aussi rapidement que la puanteur des cadavres en décomposition s’installe.
Dans leur course effrénée contre le temps et la mort, les trois combattants se rapprochent dangereusement du dernier kolkhoze encore en activité. “Terminus Radieux”, dirigé d’une main de fer par l’immonde Soloveï. Ce dernier, étrange sorcier au physique hirsute impressionnant, n’hésite pas à avoir recours à des pratiques chamaniques pour mener à bien sa soif de vengeance contre celui qui aura le malheur de toucher à ses filles.
Dans cet amas de magie, de chaos, de processus chamaniques, de rêves volés et de prisons inviolables l’amer Kronauer va faire les frais de l’acharnement du maître des lieux.

«Solovieï quant à lui ne poussait jamais la porte de l’école pour parfaire l’éducation de ses filles. Il préférait se rendre à l’intérieur de leurs rêves. Qu’il choisit pour ce faire de traverser le feu, de s’engager corps et âme dans l’espace noir ou de se mettre à voler puissamment dans les ciels chamaniques, il aboutissait certaines nuits au cœur de leur sommeil et il y entrait sans frapper.» 

À travers ce paysage fantasmé où la frontière entre le réel et le rêve n’est qu’une fine particule Antoine Volodine y déploie tout son art. Dans une taïga, à l’étrange beauté infecte où les slogans d’un monde capitaliste résonnent encore, l’auteur propose un contexte politique rythmé par la souffrance humaine et psychologique. Vivre sans vraiment être mort mais sans être vivant non plus.

« Je ne crois à rien, j’attends la fin »

Pour parfaire l’ambiance apocalyptique Antoine Volodine met en scène des pseudos-héros automates symbolisés par un mode de pensée commun. Ils définissent ensemble l’horizon impossible qu’est devenue cette Terre à l’aide d’échanges verbaux exutoires où ils dressent un cinglant portrait du bloc post-soviétique. L’histoire, volontairement rendue secrète par l’auteur, n’est présente qu’en trame de fond et n’évolue pas autant que les relations humaines ambiguës. Un récit exotique centré avant tout sur l’homme et son naufrage.

Terminus radieux se veut intemporel, et c’est l’idée que l’auteur a voulu développer ici. « Si j’osais, je me permettrais de dire : une épopée post-exotique. Elle se situe dans un temps indéfini, comme presque tous nos romans : à la fois après la défaite d’une hypothétique ‘’ Deuxième Union soviétique’’ et dans un monde où la technique n’est pas très avancée. Par exemple, la vieille Mémé Oudgoul, qui veille sur ce qui reste d’une pile nucléaire en panne, écoute de la musique sur un phonographe à rouleaux, comme au début du XXe siècle. On se trouve donc plus dans les épaisseurs d’un mauvais rêve que dans un univers de science-fiction » (source : http://livresurlaplace.tumblr.com/)

Un roman dur, intense, implacable, mais qui reflète le style si particulier de l’auteur. D’une inventivité à toute épreuve, d’une richesse constante et d’une tournure poétique « Terminus radieux » est d’une autre trempe que l’ensemble des romans d’Antoine Volodine. Moins prononcé, moins concentré sur un style onirique et déjà plus en accord avec une « histoire romancée ».

Dernier récit en date, le dernier bijou d’Antoine Volodine est une porte d’entrée dans son univers.
Un voyage à ne pas louper.

volodine616 Pages
Éditions Seuil
Ludo

À propos Ludo

Fondateur, Webmaster

Vous aimerez aussi

Perrine Le Querrec Les Pistes couverture

Perrine Le Querrec – Les Pistes

Sans blanc ni respirations, les possibilités s’enchaînent en cristallisant la violence ou l’amour, épinglant l’innocence et la colère bouillonnant dans les cœurs d’Ève, Ptiotr et Tom. Ces derniers forment un écho de surfaces dépolies, comme autant d’éventualités sur lesquelles s’envoler, se décliner à l'infini et mourir, peut-être. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Powered by keepvid themefull earn money