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Delirium Tremens – Ken BRUEN

Allez ! On continue le fil rouge polar pour les vacances ! Et en plus avec une découverte , un ouvrage vanté mille et une fois et lu goulûment en une demi journée comme une vraie alcoolique littéraire. Lire jusqu’à plus soif  Delirium Tremens de Ken Bruen, parce que c’est un bon petit polar efficace avec un détective irlandais qui a une descente de Guinness digne de son pays et aussi parce que c’est un texte drôle et touchant sur l’alcoolisme, cette terrible maladie de l’oubli.

Jack Taylor est un ancien flic qui n’a pas rendu son uniforme – il reçoit d’ailleurs souvent des lettres menaçantes pour cause de séquestration de tenue -. Jack refuse de le rendre, moitié par mollesse, moitié par attachement pour cette période de sa vie où il avait la sécurité de l’emploi. Jusqu’à ce qu’il dérape et se fasse mettre à pied.  Un jour Jack Taylor reçoit la visite d’une femme qui souhaite louer ses services de détective privé afin de résoudre l’affaire du meurtre de sa fille qui a été masqué en suicide. Commencera pour Jack une descente aux enfers cotonneuse, embuée par l’alcool et la pluie irlandaise, saupoudrée de cynisme et d’autoflagellation.
Heureusement Jack est bien entouré. Il a ses copains de bar, Sean et Sutton toujours prêts pour le faire replonger, trois tristes sires soudés par une amitié virile et charmante, mélancolique parfois et tout à fait d’équerre avec l’image que l’on se fait de l’irlandais pure souche, haïssant tout ce qui ne provient pas de Galway et détestant surtout les américains et ne parlons même pas des anglais ! Une sacré bande de joyeux lurons, sacrément paumés quand même.

Ken Bruen a une écriture rapide, charpentée et décomplexée, des personnages féroces et désarmants qui rend le texte ample et très attachant. C’est une écriture qui rend hommage aux laissés pour compte, aux alcooliques, aux clochards, aux prostituées, à la liberté. Une écriture qui est avant tout celle nourrie par d’autres : le texte fourmille de citations de Robin Cook, – le vrai, The King, l’anglais, pas l’américain fan de scalpel – de Jim Thompson, de poésie et d’artistes – Francis Bacon par exemple -. C’est aussi une écriture habitée par la musique rock, la danse et la pluie, c’est une écriture qui rend à l’Irlande ses lettres de noblesses. Ken Bruen s’impose avec Delirium Tremens comme un auteur à part, plein de charme, une espèce de Ken Loach littéraire qui dresse un magnifique portrait social réjouissant et dévastateur.

Delirium-tremensTraduit par Jean Esch

Editions Gallimard, Série Noire

250 pages

Gwen

À propos Gwendoline

Chroniqueuse

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