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Gambetta Beach #01

Teddy, j’ai pensé à toi et j’ai dit : Tiens, il faut que je lui écrive pour lui dire que je l’aime bien. Accoudé à ma fenêtre, je regarde les captivantes étoiles et je jouis du silence ardent qui remplit l’âme. La projection azimutale équidistante a l’avantage de respecter les distances, et chaque printemps, tu verras, celui-ci ne fera pas exception, les glaces battent ici des records ; elles grignotent peu à peu la République de Belleville, du fait de vents froids croissants dans cette zone du globe. Figure-toi que hier soir encore, je buvais en belle compagnie : poètes, savants, dandys, femmes gracieuses, femmes d’Etat. La conversation, de pétillante, devint conteuse. C’est que, sans être associé au jeune romantisme, je le côtoie. Oh, que c’est Afrique ! A Gambetta Beach, vois-tu, on rencontre « le monde », c’est-à-dire ceux qui ont des loisirs et aiment les spiritueux et les toniques, et donc cultivent des sentiments. Sous des dehors frivoles et des gravelures comme il s’en dit parfois, la nuit, Chez Betty, mes idées ne manquent ni de sérieux ni de profondeur, et d’ailleurs, je tiens à imprimer à cet article le caractère moral du roman populaire. Or la traduction n’est pas une stratégie, ni une guerre civile, ni un combat à l’issue duquel on décrocherait une hypothétique et douteuse victoire. Non ! Oh, que c’est mauresque ! Note bien qu’au demeurant, toutes les scènes auxquelles j’ai assisté, ou participé, à Gambetta Beach, ont pour sujet le bonheur. Teddy, tu voulais un article d’humeur, eh bien, tu peux le constater, mon humeur est très excellente. Je plaide pour l’instinct, et, à travers les halliers et les landes, j’entrevois comme des ombres facétieuses. Mais c’est tout l’Orient ! Accoudé au Comptoir, l’on narre ses voyages avec verve et l’on rit aux éclats. Sache que, chaque matin, j’explore le pays, les ajoncs fluorescents, les genêts d’un jaune qui aveugle, les bois aux feuillages d’argent et le beau coteau qui sent bon le frais et l’encre. Aux confins du Père Lachaise, la glace ne rencontre pas d’obstacle à son extension et peut facilement gagner du terrain si les conditions sont favorables. Nos représentations faussent l’idée que nous nous faisons de la plage. Les planisphères que nous utilisons d’habitude sont le résultat de projections géographiques qui déforment excessivement la perspective ; c’est le cas de la projection de Mercator, qu’utilisent google maps et openstreetmap, or les traducteurs n’échappent ni aux projections ni aux déformations, d’autant que les plus vertueux ont en eux quelque chose qui n’est jamais chaste.

nicolas richard

 

 

 

 

 

 

 

Texte: Nicolas Richard
producteur des images: Bilatim Treflon

 

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