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Interview : Mirobole

Retour sur notre série d’interview éditeur avec une maison d’édition possédant un catalogue aussi riche que varié. Se posant comme une alternative au divertissement littéraire classique Mirobole Éditions propose des auteurs venant d’horizons aussi improbables que variés mais toujours avec un souci de qualité narrative et littéraire. Une petite maison d’édition qui monte et qu’il va falloir suivre de très près:

 

1/ Qu’est-ce qui vous a décidé à sauter le pas et à créer votre maison d’édition ?

Nadège D’une part le choc culturel lié à mon retour en France en 2008 après 10 ans d’immersion dans la culture londonienne, d’autre part le constat que le marché français était encore assez pauvre en terme de littérature de genre provenant de territoires autres que ceux de langue anglaise (Europe de l’est, Asie, etc).
Au bout de 3 ans de vie parisienne, j’ai donc démissionné d’un boulot bien payé chez un éditeur parisien populaire bien connu et ai passé les deux années suivantes à ficeler le projet. Sophie qui travaillait dans le service littéraire de cette même entreprise était également emballée par le projet. Ayant des profils et compétences différentes, il est apparu évident d’ouvrir la maison ensemble.

1erecouvrvbPourquoi avoir choisi de travailler dans ce domaine?

Nadège Des études de droits qui finalement mènent à tout et le hasard des rencontres. Destinée à être juriste de l’édition, je me suis retrouvée pendant une quinzaine d’années à travailler au sein de services de droits étrangers à Londres et Paris. Dans ce cadre, j’ai pas mal voyagé et rencontré éditeurs et agents étrangers qui m’ont fait découvrir la richesse de leur littérature nationale.

Sophie Des études de lettres poussés m’ont confortée à la fois dans mon amour des auteurs, de leurs univers, de la littérature en général, et dans mon absence totale d’envie d’enseigner. Bien que j’adore être passeur, transmettre, je le fais bien mieux en étant éditrice qu’en étant professeur… J’ai donc à un moment de mon parcours étudiant tout envoyé promener, j’ai postulé pour un stage dans une maison d’édition et, de fil en aiguille… L’édition est un monde difficile, mais passionnant.

2/ Quelle est votre politique/ligne éditoriale?

Fantastique (anticipation, horreur littéraire, réalisme magique), Polar/noir/thriller, absurde/grotesque.

Nadège Nos romans sont plutôt graphiques et plongent les lecteurs dans des univers étranges, atypiques ou déroutants, plusieurs de nos titres ont été comparés au travail de cinéastes ou à des films cultes tels que Lynch et Blue Velvet pour notre titre d’horreur lovecraftienne suédoise : les Furies de Boras ; à Tarantino ou Rodriguez pour notre roman humoristico-fantastico-zombiesque Comment j’ai cuisiné mon père, ma mère et retrouvé l’amour, Kusturica pour le roman moldave déjanté et désespéré Des Mille et Une façons de quitter la Moldavie ou même Kubrick pour notre dernier titre sorti , L’Assassinat d’Hicabi Bey, polar métaphysico-humoristique turc.
Consciemment ou inconsciemment, je suis pour ma part aussi influencée par mes goûts ciné et musicaux lors du choix d’un texte.

3/ Comment choisissez-vous les textes, les auteurs avec lesquels vous allez travailler?

Nadège Nous essayons de dénicher de petites perles au fin fond de territoires gagnants à être connus. Nous marchons au coup de cœur et ne sélectionnons que des textes qui nous1erecouvcouv.jpg ont conquises toutes les deux.
Pour le moment nous ne travaillons qu’avec des auteurs étrangers – présentés par des agents, éditeurs étrangers ou traducteurs mais aussi que nous fouillons aussi la littérature des pays qui nous intéressent sur internet; notre priorité est de faire découvrir des auteurs pas encore traduits sur le territoire français.

4/ Comment se passe le travail avec l’auteur (et le traducteur le cas échéant) depuis la sélection de l’ouvrage jusqu’à sa sortie?

Sophie De fait, nous travaillons surtout avec les traducteurs. Ceux-ci sont pour nous de vrais partenaires, des complices même, et nous travaillons main dans la main à peaufiner le texte. Parfois il y a beaucoup de travail éditorial, parfois très peu, en tout cas mon exigence est très haute et je suis capable de faire dix allers-retours de texte avec le traducteur jusqu’à ce que tout soit parfait ; cela se passe toujours bien et la rencontre est chaque fois enrichissante ; il y a souvent des moments de stress lorsque l’échéance approche, mais cette intensité est justement ce qui me plaît. L’auteur n’est pas non plus mis sur la touche, le traducteur est en relation étroite avec lui et il m’arrive aussi parfois de lui poser une question directement.

Nadège je gère plus particulièrement les venues d’auteurs (recherche de financement, relations libraires, festivals et salons du livre), car il est important que les lecteurs français puissent échanger avec nos auteurs.

5/ Un coup de projecteur sur une sortie plus ou moins proche?

Nadège Vongozero (parution septembre 2014), thriller apocalyptique russe, sorte de version slave de La Route de Cormac MacCarthy
Sophie C’est un roman magnifique, une histoire de survie magistralement contée, avec à la fois un grand humanisme et un suspense très fort. Un vrai coup de cœur !

furiesdeborascouvrvb.jpg6/ Quel(s) texte(s) auriez-vous voulu publier? Quel(s) texte(s) êtes-vous fières d’avoir porté?

Nadège récemment peut-être les livres de la Sud-Africaine Lauren Beukes. Fière de tous les textes publiés jusqu’ici.

Sophie Nous sommes fières de tout ce que nous avons porté, fières d’avoir été les relais (indispensables) de la voix d’un auteur en France, de son univers. J’avoue avoir peut-être une fierté particulière pour le recueil de nouvelles russes Je suis la reine, de l’admirable Anna Starobinets. Une telle qualité de texte et de traduction, un univers littéraire si particulier, cela ne se rencontre pas tous les jours. Mais j’ai une tendresse admirative pour chacun de nos titres !

À propos Ted

Fondateur, Chroniqueur

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