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Isaac Asimov – L’avenir commence demain

Les livres sont faits pour être lus et relus.

Ce sage conseil d’Omani, personnage de la deuxième nouvelle du recueil (“Profession”), enfermé dans une maison pour les “faibles d’esprit”, entendez les seuls et rares génies doués d’une curiosité dans un univers de l’intelligence formatée, est à suivre sans modération en ce qui concerne les textes d’Asimov.

Maître de la science-fiction, de la fantasy et du récit d’anticipation, on retrouve dans L’Avenir commence demain neuf nouvelles et deux poèmes de sa première période fantastique programmatiques de son oeuvre : le cycle sur les robots, qui a inspiré le film I, Robot d’Alex Proyas avec Will Smith et le cycle de La Fondation.

Isaac Asimov dessiné par Rowena Morrill (artiste, illustratrice de science-fiction et de fantasy)
Isaac Asimov dessiné par Rowena Morrill (artiste, illustratrice de science-fiction et de fantasy)

Si vous ne connaissez pas Asimov et que ses pavés vous font peur, vous trouverez dans ces courts récits de quoi vous mettre en appétit. Ce visionnaire, docteur en biochimie ne vous emportera pas par ses envolées lyriques ni ses hypotyposes mais par un style qui s’incline devant la force du scénario.

Sécurité, guerre nucléaire, éducation formatée, asservissement de l’Homme aux nouvelles technologies, oubli du passé, il est à craindre aujourd’hui que ces nouvelles écrites dans les années cinquante se lisent très prochainement au futur antérieur. Le lecteur est à la fois amusé par les projections de la société d’après guerre, car oui en 6492 les rouflaquettes, la clope au bec et la misogynie seront toujours à la mode, et à la fois terrifié de s’y retrouver…

Ainsi Multivac vous protégera. Si vous courez un danger d’accident, il le saura. Si vous envisagez de faire du mal, il le saura et vous en empêchera à temps de telle sorte qu’il ne soit pas nécessaire de vous punir. (“Tous les ennuis du monde”)

Si Multivac est un ordinateur premier cri assorti d’un clavier de machine à écrire, c’est avant tout un véritable Big Data qui enregistre, sous couvert de protéger les citoyens, les moindres paroles, inquiétudes et dresse des profils. PNR (Personal Name Recorded) qui trace le parcours des voyageurs dans les aéroports, réseaux sociaux et moteurs de recherche qui enregistrent nos existences réelles et numériques, les inquiétudes du siècle dernier sont toujours aussi prégnantes.

Mais la machine saura-t-elle remplacer l’Homme ? Les machines pourront-elles faire la guerre sans intervention humaine et les Hommes sauront-ils encore compter et les comprendre (“Sept fois neuf… “) ? Nos esprits pourront-ils un jour être formatés comme des ordinateurs (“Profession”) ? Pour Asimov, qui replace l’humain au cœur de ces nouvelles pourtant pleines de la présence de machines, nous sommes à même de créer notre propre paradis ou notre propre enfer… Jouant avec le genre du policier et son imaginaire (huis-clos, chasse à l’homme, détective solitaire) le biochimiste sonde les aspirations, l’inconscient personnel et collectif, les luttes de pouvoir et les peines de cœur et rappelle que ce n’est pas la machine qui fait l’Homme mais bien l’Homme qui crée la machine, à son image.

(…) sont-ce vos yeux / Qui roulent l’insolite / Au creux de vos orbites ? (“C’est si facile voyez-vous !”)

L’avenir commence demain n’est autre qu’un sophisme, argument à la logique fallacieuse qu’Asimov déconstruit par la puissance de la fiction.

L’avenir commence aujourd’hui, dans le présent sans limites de l’ère asimovienne.

Sonia

 

avenircommencede234Isaac Asimov, L’avenir commence demain (Nine Tomorrows), traduction de Bruno Martin, Édition Pocket, 2009, 352 pages, première édition américaine 1959 et 1978 pour la traduction française : “C’est si facile, voyez-vous !” (poème, 1957), “Tous les ennuis du monde” (nouvelle, 1958), “Profession” (nouvelle, 1957), “Sept fois neuf… ” (nouvelle, 1957), “La nuit et la mort” (nouvelle, 1956), “Je suis à Port-Mars sans Hilda” (nouvelle, 1957), “Les tendres vautours” (nouvelle, 1957), “Avec un S” (nouvelle, 1958), “L’ultime question” (nouvelle, 1956), “L’affreux petit garçon” (nouvelle, 1958), “Notifications de rejet” (poème)

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