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Kindred – Octavia E. Butler

Kindred est un roman d’Octavia E. Butler, publié en 1979.

Le roman retrace l’histoire de Dana, une jeune femme noire, écrivaine, vivant en Californie en 1976. Rien de très important se passe dans la vie de la jeune femme jusqu’à ce qu’elle s’évanouisse un jour avant de se réveiller au Maryland avant la Guerre Civile.

Petit point histoire de votre humble narratrice : la Guerre Civile aux Etats-Unis a duré entre 1861 et 1865 et, comme son nom l’indique, a divisé le Nord et le Sud des Etats-Unis. Une des différences entre les états du Nord et les états du Sud était la question de l’esclavage. Le Nord avait libéré ses esclaves et le Sud refusait encore de le faire.

Votre humble narratrice vous le donne en mille. Le Maryland est un état du Sud.

Pour résumer, notre narratrice et personnage principal, se retrouve dans une situation qui n’est pas vraiment en sa faveur. Elle est au bord d’une rivière et voit un jeune garçon se noyer sous les yeux impuissants de sa mère. Dana plonge et sauve le garçon. Et soudainement, elle se retrouve à nouveau dans sa maison en Californie, en 1976, entièrement trempée de l’eau de la rivière. Son mari lui assure qu’elle est à peine partie quelques secondes et pourtant, elle a l’impression d’être partie bien plus longtemps.

De ces prémisses intrigantes et avec l’aide de plusieurs autres voyages tout aussi troublants, Dana trouve rapidement une logique à ce qui lui arrive.

C’est simple, Dana voyage dans le temps et dans l’espace parce qu’elle est appelée à protéger Rufus Weylin (le petit garçon dans la rivière) qui est en réalité son ancêtre. Dana doit donc faire en sorte que Rufus survive (tâche qui n’est pas vraiment mince) mais également qu’il rencontre la femme avec qui il pourra fonder la lignée dont est issue Dana.

Si vous pensez à un certain film de science-fiction, tapez dans vos mains.

L’histoire de voyage dans le temps est intrigante. Ce qui est encore plus intrigant, c’est cette plongée dans une des époques les plus sombres des Etats-Unis. Octavia E. Bulter a fait des recherches incroyables afin de nous proposer un portrait de l’esclavage réaliste et une réflexion profonde sur cette période de l’Histoire. Le résultat fait froid dans le dos : Dana nous présente un monde où elle n’est pas considérée comme humaine à cause de sa couleur de peau. Le traitement cruel qu’elle y reçoit ainsi que les autres esclaves n’est pas décrit dans le but de faire sensation. La narration à la première personne rend le spectacle d’autant plus difficile à faire face. Dana observe avec ses yeux de jeune femme moderne l’horreur dont elle n’est désormais plus sauve. A travers ce « je », le lecteur peut s’identifier et partager l’horreur de la narratrice.

Le moment le plus affreux du roman, cependant, est le moment où Dana, après avoir passé cinq années de sa vie en esclavage, semble s’habituer à sa situation et aux mauvais traitements. Heureusement, l’instant ne dure pas.

Le duo que forment Dana et Rufus est, selon votre humble narratrice, un des points les plus intéressants du romans. Rufus est le fils du propriétaire d’une plantation de coton où travaillent plusieurs esclaves. En tant que petit garçon, il se rebelle contre un père trop strict qui traite ses esclaves comme du bétail, il est un personnage que le lecteur peut se permettre d’apprécier. Au fur et à mesure, Dana le voit cependant grandir en une réplique monstrueuse de son père. Rufus est déchiré entre ses responsabilités d’adultes (faire marcher sa plantation, vendre des esclaves) et la vision moderne de ce qu’il fait que Dana essaye de lui montrer. Il en résulte une sorte de monstre de Frankenstein assemblé comme un patchwork de visions différentes.

De son côté, Dana est un personnage tout aussi intéressant. Elle reflète certes l’auteur et apporte sa réflexion de femme moderne, mais elle n’est uniquement spectatrice dans ce roman. Dana est très rapidement dans une situation très difficile : elle doit sauver Rufus pour qu’il commence la lignée dont elle est issue mais sauver Rufus et faire en sorte qu’il ait un enfant demande plusieurs choix très difficiles. Dana est certes un personnage qu’on pourrait qualifier de ‘bon’ sur le plan moral mais qui prend des décisions très difficiles.

Dana et Rufus sont loin d’être les seuls personnages intéressants. Ils présentent tous une facette de ces temps obscurs et donnent au lecteur une vue d’ensemble de la situation.

Kindred est un roman quasiment parfait. Il présente fantastique et réflexion historique, imbriqués les uns dans les autres par une plume directe, précise mais également fine et minimaliste. L’auteur présente des situations atroces sans lyrisme, sans échappatoire. Le lecteur doit faire face à l’horreur.

L’image de couverture est Octavia E. Butler elle-même. All hail.

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304 pages

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Anne-Victoire.

À propos Anne-Victoire

Chroniqueuse

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