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Nicolas Richard – La Dissipation

Nicolas Richard, dans La Dissipation mène l’enquête, dans une alternance de narrateurs, il alimente la machine à fantasme du lecteur et par le rassemblement de témoignages et de personnages tout aussi étranges les uns que les autres part sur les mystérieuses contrées américaines de P… un certain auteur dont on sait peu de choses.

Thomas Pynchon est sans conteste un des auteurs les plus fascinants de ses cinquante dernières années. Des romans mondes, des personnages aux noms improbables, des histoires démesurément rocambolesques et fascinantes, mais critiques et fines dans l’analyse d’une époque et dans les propos soutenus. Mais ce qui fascine le plus sur les internets c’est l’auteur lui-même. Il s’agit ici d’une énigme vivante, d’un auteur qui vit reclus et loin des médias. Une seule photo de lui traine sur la toile. Il n’en fallait pas plus pour que les passionnés en dressent un portrait fantasmé à partir du peu que l’on sait de lui.

Petit à petit, par le truchement de voix plus ou moins fiables l’absence de P se fait parole puis portrait. Un portrait tantôt réaliste tantôt fantasmé, que l’on se surprend à aimer découvrir. Des témoignages poussent les connaissances sur l’auteur dans ses moindres détails, puis mettent en doute ce que l’on sait déjà, pour peu que l’on sache quelques détails sur cet ovni littéraire américain. Des sortes de gloses pour accompagner ses romans, pour justifier son univers tentaculaire et imposer une véracité du propos dans les textes de P, démontrer le « vécu » dans ses fictions. De l’ancienne petite amie trop prudente dans ses propos au documentaliste qui en savait trop au cinéaste aux anecdotes aussi étranges que P à l’étudiante qui ne cherche pas à faire une thèse sur P mais en connaît beaucoup trop sur l’auteur et son traducteur, et ce dernier qui cache plus de choses que l’on ne pense. Le lecteur se retrouve dès lors, à alterner entre la faim de découverte et le malaise voyeuriste.

A l’attention de M. le rédacteur en chef du New York Times

En référence au roman de P que vous avez dernièrement chroniqué dans vos colonnes, je me vois dans l’obligation de signaler que le nom « Gengis Cohn » a été emprunté par cet auteur à mon roman Adieu Gary Cooper. Le nom figure également dans le titre de mon roman à paraître, La Danse de Gengis Cohn.
Salutations.
Romain Gary, Paris

Nicolas Richard signe un texte richement documenté à la plume fine et maline. Dans cette alternance de voix il s’amuse avec le lecteur, le balade dans les théories douteuses ou dans des détails étrangement précis, un roman épistolaire, un rassemblement de témoignages, un tout qui dresse un portrait aussi énigmatique et fascinant de P.

A l’attention de M. le rédacteur en chef du New York Times

Dans un récent courrier publié dans votre journal, Romain Gary affirme que j’ai emprunté le nom « Gengis Cohn » à un de ses romans pour l’utiliser dans un de mes romans. M. Gary se trompe complètement. Je n’ai jamais lu, feuilleté ni même aperçu un seul de ses romans. J’ai tiré le nom Gengis Cohn du célèbre guerrier et homme d’Etat mongol Gengis Khan (1162 – 1227). Si M. Gary croit vraiment être le seul auteur capable de trouver un jeu de mots aussi trivial, c’est un tout autre problème, qui révèle sans doute davantage de la psychiatrie que de a littérature, et j’espère qu’il parviendra à le régler.

p.

La Dissipation de Nicolas Richard fonctionne comme une enquête, un roman policier, il ne faut pas avoir lu du Pynchon pour aimer ce texte, il ne faut même pas forcément connaître cet auteur pour apprécier pleinement le livre de Nicolas Richard. Son roman fonctionne en autonomie, il se suffit totalement à lui-même et se lit avec un plaisir total. Un roman court, aussi fun et décalé que ce que l’on s’attend à découvrir en lisant le quatrième de couverture. Une réussite et bordel que ça fait plaisir de relire Nicolas Richard l’auteur !

Editions Inculte,
191 pages,

Ted.

À propos Ted

Fondateur, Chroniqueur

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Un commentaire

  1. Merci pour ces informations

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