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Peter Stenson – Déchirés

couv-dechiresChase Daniels, accro fini à la meth, ne s’inquiète pas autant qu’il le faudrait. Pourtant, voir une fillette déchiqueter un rottweiler à main nue n’est pas monnaie courante. Junkie fini il passe ses journées à faire valser son cerveau, à l’anesthésier afin de refouler les sentiments qui le ronge. Impuissance, échec, désespoir. Il devrait pourtant s’inquiéter et penser que cette fois-ci la drogue ne lui joue pas des tours, la fin du monde est là. Dehors les zombies écument les rues, infaillibles et patients ils nourrissent l’apocalypse au rythme de leur rire démoniaque. C’est peut-être l’heure de laver ses pêchés, un nouveau monde, une nouvelle vie. Chase Daniels décide alors de s’engager sur le chemin de la rédemption, mais avant ça il souhaite retrouver, dans ce monde de feu et de flammes, son ancienne petite amie qu’il espère encore vivante.

“Ce clignotement me rappelle ma courte période de teufeur, les free parties minables du Minnesota, les entrepôts abandonnés le long du Mississippi, les cachetons d’ecstasy , la techno, les canapés rouges, les branlettes prodiguées par des inconnues -peut-être même par des mecs, parfois.”

Peter Stenson nous embarque dans une écriture survoltée, ambitieuse et rythmée où, à chaque page, l’humour noir qui s’en échappe sème, dans l’esprit du lecteur, la vision d’une réalité morbide et méritée. S’engageant sur les chemins d’un Las vegas parano, l’auteur entrecoupe son récit par des paragraphes “ecstasiques” où la drogue prend la plume et conte ses plus invraisemblables aventures. Et au milieu de tout se tumulte général, des bouts de crânes décomposés, des rires démoniaques et des hallucinations surgit une sincère histoire d’amour.

Peter Stenson mise tout sur l’instantané et la rapidité d’élocution des personnages. L’absence de guillemets propose au récit une urgence quasi ininterrompue façon “La Route” et la lecture se vit en apnée, sans jamais de répit. L’auteur ne s’encombre pas non plus de descriptions détaillées et la vision post-apocalyptique du monde se fera toujours à travers les pupilles éclatées à la drogue des protagonistes. Cet angle d’attaque, bien voulu par Peter Stenson, donne au livre une tournure chaotique où la réalité et le fictif fusionnent et sèment le doute. Quelle est la part du réel ? À quel moment intervient le fictif ? Un schéma qui pousse toujours plus loin l’imagination du lecteur et le force à surfer sur les limbes de le méthamphétamine.

“Puis je me lève en m’appuyant sur le mur de la cabane. J’essaye de ne pas penser aux fois où j’ai eu affaire à des gens complètement transformés par la drogue, à ces fois où des amis se sont révélés incapables de me reconnaître, de reconnaître leurs mains ou de se reconnaître eux-mêmes. La came se faufilant dans les veines, bloquant les synapses à grands coups de dopamine.”

Alors du coup on embarque dans une aventure extraordinaire, à travers le prisme de la drogue et la rédemption. Un roman en deux temps, parfois drôle, parfois dégueulasse, mais toujours vivifié par l’urgence de la situation. Un roman survolté oscillant sans cesse entre deux mondes, le pardon et l’amour. Deux thèmes, qui une fois assemblés avec autant de talent, donnent naissance au futur roman phare du post-apocalyptique. Un pur chef d’œuvre.

315 pages
Éditions Super 8
Ludo 

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