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Notre quelque part – Nii Ayikwei Parkes

Avec Notre quelque part, Nii Ayikwei Parkes entre en littérature. Une écriture pleine de poésie, la passion première de l’écrivain, pleine de musicalité également, de sonorités étranges et colorées comme le jazz et le blues qu’il affectionne. Tout comme le parcours de Parkes, le roman est empreint d’Afrique de l’Ouest et teinté de références occidentales, mêlant avec brio deux mondes qui peinent parfois à se comprendre.

Tout commence lorsque la maitresse d’un ministre, en promenade dans l’arrière-pays ghanéen, suit un oiseau bleu. Celui-ci la mène à une case au sein du petit village de Sonokrom, où règne une puanteur insupportable. Entrant dans la case pour découvrir l’origine de l’odeur, elle en ressort hurlant, affirmant avoir vu le mal. La police arrive en urgence dans le village, mais devant l’énigme de la case, elle convoque Kayo Odamtten, légiste diplômé d’Angleterre. Ce dernier travaille actuellement dans un laboratoire de biochimie, sous les ordres d’un patron peu intéressé par son affaire, tant qu’elle rapporte de l’argent. Quand la police informe Kayo de la nécessité de son aide, le patron refuse de lui accorder des congés, sous prétexte que le chef de la police ne l’a pas personnellement appelé. Afin de remédier à ce contretemps, Kayo est arrêté. Il découvre alors les rouages de la corruption et de la manipulation au sein de la police ghanéenne. L’enquête qui lui ai confiée devra avoir un retentissement international, ni plus ni moins. Sa vie en dépend.

« Après tout, à bien des égards la vérité était une entité mouvante, qui se modifiait en fonction de ce que chacun voulait bien dévoiler de soi. »

Au village, Kayo fait la connaissance de Yao Poku, le narrateur de l’histoire. Se faisant rapidement accepter par les habitants, Kayo réussit à dresser un portrait succinct du très certainement défunt Kofi Atta. Solitaire et peu apprécié. Le tissu humain, quasi placentaire, que l’on a retrouvé lui appartient probablement, mais quid des os ? En écoutant les récits de Yao, le vieux chasseur, Kayo va découvrir les subtilités des croyances ancestrales et des règles de son pays. Les frontières entre récit et réalité, magie et science vont se brouiller dans l’esprit de Kayo, décidé malgré tout à découvrir la vérité. Cependant, cette possible vérité sera-t-elle conforme aux attentes de l’inspecteur Donkor, ou faudra-t-il inventer une nouvelle vérité ?

« Peut-être c’est ça l’histoire que tu cherches. Mais ce n’est pas moi qui peux te dire si c’est vrai. Je te raconte une histoire seulement. Sur cette terre ici, nous devons bien choisir quelle histoire nous allons raconter, parce que l’histoire là va nous changer. Ça va changer comment nous allons vivre après ».

Un roman enivrant, témoin d’une société hésitant entre magie traditionnelle et technologie scientifique. Loin d’être une version ghanéenne des « Experts », comparaison qu’on lui assène tout au long de l’enquête, Kayo, et avec lui Parkes, nous entraîne dans un univers où la science n’est qu’une facette de la vérité.

Oscillant entre policier, roman initiatique et conte métaphysique, Notre quelque part jouit d’une écriture d’une grande poésie. Le mélange des dialectes africains et anglo-africains confère un rythme chaloupé à l’ensemble – le travail de traduction est une vraie merveille, rendant à chaque page la mélodie d’une oralité vivace. Plongez sans attendre dans ce quelque part, hors du temps et des sociétés, où il est si bon de se laisser porter.

Notre quelque part - couverture

Editions Zulma,
Traduction : Sika Fakambi,
304 pages,

Aurore

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