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Yoon-Sun Park En Corée

Yoon-sun Park- En Corée

Yoon-sun Park commence ce journal illustré par le souvenir du décès de son cousin S., qu’elle apprend plusieurs jours après son enterrement. Elle vit alors en France, loin de son pays natal qu’est la Corée du Sud, loin de sa mère un peu magouilleuse et parfois manipulatrice, de sœur au mariage bancal, loin du souvenir de son père mort dans un accident il y a des années de cela.

Yoon-Sun Park En Corée

En Corée commence donc par des funérailles auxquelles Yoon-sun Park n’assiste pas, mais qui pourtant vont être le point de départ d’un besoin de confier sur papier un bout de sa vie. Tout d’abord publiée sous la forme de trois livres auto-édités (En Corée, Encore en Corée (suite pour rigoler) et En France), son histoire est ensuite reliée par les Editions Misma sous la forme d’une intégrale sobre et poétique, habillée de papier ivoire. Elle s’y livre sans fard ni fanfreluche, aidée d’un trait simple et de lavis aux tonalités grises et noires, et déroule ainsi le fil de sa vie à travers de nombreuses anecdotes jetées au rythme des souvenirs.
Passant d’une lointaine anecdote  temporelle ou géographique à un fait plus récent, elle raconte son enfance et son éducation traditionnelle, ses études d’illustration à Séoul où les professeurs s’obstinent à ne faire étudier que le style occidental à tel point que personne ne sait faire un visage asiatique. Puis vient son départ pour la France où elle s’installe à Angoulême avec son copain et leur horde de chats, entourés de voisins bizarres et grognons. Au fil de ses carnets, elle revient sur des faits marquants et parfois même durs avec un humour franc et une lucidité assez impressionnante.

Yoon-Sun Park En Corée

Yoon-Sun Park En Corée

En racontant son histoire, Yoon-sun Park décrit son pays et ses coutumes qui peuvent parfois sembler étranges et même comiques pour un lecteur occidental, mais il en va de même dans l’autre sens: elle fait preuve du même esprit et du même ton pour évoquer ses souvenirs coréens et français, et met ainsi en lumière des incongruités quotidiennes d’un côté comme de l’autre. On peut parler d’un choc des cultures, et peut-être même d’un choc tout court: car en parlant de deuils, de traditions mortuaires, de devoirs familiaux parfois pesants et d’un quotidien pas tout rose, elle confie avec une belle simplicité des bribes dures à encaisser sans jamais tomber dans les ragots-pathos où les reproches aigres. Elle écrit et dessine juste sa vie telle qu’elle est.
C’est la mélancolie et la sincérité de En Corée qui m’ont par ailleurs le plus marqué: face à cette bande-dessinée où la vie s’enchaîne avec son lot de difficultés et de bonheurs, on fait la rencontre d’une jeune femme qui s’accroche à ses idées et à ses envies quit à faire fi du rôle déjà tout tracé que sa famille envisage pour elle. Puissante par sa simplicité et sa force tranquille, Yoon-sun Park est une belle découverte douce-amère qui remue sans que l’on s’en rende compte et laisse sa marque.

 

Yoon-Sun Park En Corée

Misma Editions
211 pages
Caroline

À propos Caroline

Chroniqueuse

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