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Jacques Rancière – La mésentente

Texte paru en 1995, fruit de quinze ans de réflexion, « La mésentente » est une réflexion on long cours sur la politique et sa philosophie au « lendemain » de l’effondrement du bloc soviétique – mais aussi d’une partie de la pensée marxiste.

Jacques Rancière n’en est pas à son coup d’essai. Philosophe et critique, qui a toujours orienté ses recherches vers la pensée politique et l’émancipation intellectuelle des dominés. Il n’a eu de cesse tout au long de son parcours, de nous éclairer sur notre société, les enjeux et articulations d’un monde qui se voulait consensuel, mais qui dans ses entrailles était porteur des pires reproductions de classes et de systèmes hiérarchiques hérités des siècles précédents.

« La mésentente » ne déroge pas à la règle. Ainsi dans la postface inédite, l’auteur synthétise au mieux son idée :

« À cette époque le déclin du marxisme en occident, avant l’effondrement du monde qui s’en réclamait à l’Est, suscitait pour les concepts traditionnels de la pensée politique un intérêt nouveau, mais mû par des perspectives bien différentes. […]

Avec l’effondrement du bloc soviétique, la démocratie perdait sa vertu d’opposition à la tyrannie totalitaire. Elle devenait simplement l’état des choses existant dans les pays occidentaux, un état des choses dont le vrai cœur s’appelait libre marché ou tout simplement capitalisme. »

En 2025, à la lecture de cette publication, avec le recul que nous avons sur cette période, c’est très certainement ce qui nous frappe le plus avec « La mésentente ». Car ici, notre société, son état actuel, la politique et les perspectives d’avancées, se retrouvent complétement figés dans un marasme ou seul compte les passages en forces, et le retour à une hiérarchie brutale. C’est ce que nous rappelle ici Jacques Rancière, en filigrane, notre monde n’est pas sorti de nulle part, il vient de cet effondrement, par la prise de pouvoir par le monde du capital et des néolibéraux.

Aujourd’hui la politique ( celle représentée dans les médias et ayant voix au chapitre républicain), ne sont plus que des vestiges, sans puissance ni affect, se contentant d’agir sur notre présent sans se soucier de la suite. Après nous, le déluge.

« La mésentente » par sa construction et son analyse, bien qu’ardu à des moments, est un constat glaçant et puissant, de ce qu’un penseur avait senti surgir dès les années 80. Un monde qui allait perdre ses utopies, son sens de la politique pour tous et par tous, au profit d’une politique pour le capital et par le capital.

Une lecture saine et indispensable, qui à beaucoup plus à offrir qu’un simple petit billet de webzine, un livre que vous devez vous emparer, décortiquer, vous approprier et faire circuler pour que nos élans solidaires et sociaux ne soient plus de soubresaut, mais une déferlante de démocratie par le peuple et pour le peuple.

Éditions La Fabrique,
208 pages,
Ted.

À propos Ted

Fondateur, Chroniqueur

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