Le milieu de l’édition indépendante regorge de projets tous plus fascinant les uns que les autres. Le dernier en date, vient de chez Dystopia et s’intitule “Derrière le Grillage”. Il s’agit ici d’un premier numéro, qui en appelle d’autres. Alors bienvenu dans le merveilleux monde de “Derrière le Grillage” et longue vie au projet.
Derrière Le Grillage naît d’une idée de Xavier ( la personne derrière Dystopia) :
« C’est durant l’été 2021 que cette idée est née. Comme souvent, juste une intuition qui décide de rester, de s’incruster. Avec un peu de recul, elle a pris sa source – pour ensuite s’imposer – à l’intersection d’une situation personnelle un peu particulière (difficile en fait, n’ayons pas peur des mots), d’un hommage à un ami disparu, d’une théorie littéraire et surtout d’un souvenir d’enfance. »
Un souvenir d’enfance, d’un lieu, d’une ambiance et surtout d’une époque :
« Je devais être âgé d’une dizaine d’années – je n’étais pas encore entré au collège, c’est une certitude – lorsque j’accompagnais mon père deux, peut-être trois fois par an, dans un endroit que je savais être, sans pouvoir le formuler à l’époque, véritablement extraordinaire. « Extraordinaire » dans le sens premier du terme : « qui n’est pas courant, exceptionnel, inhabituel », rien de surnaturel là-dedans.
Nous y allions seulement lui et moi. Ma mère ne nous accompagnait pas. Je n’ai d’ailleurs aucun souvenir d’y avoir jamais croisé qui que ce soit… Il nous fallait une demi-heure en partant de la maison pour nous y rendre, probablement moins car je ne me rappelle pas avoir trouvé le temps long et je n’étais pas un modèle de patience à l’époque. »
Derrière un portail, des garages, de quoi laver son véhicule, une essoreuse à éponges, un bac de sable et derrière ces garages, un grillage, puis un terrain en friche remplis d’arbres et de statuts. Voilà le souvenir, le décor ce qui va donner naissance au projet.
Ici, l’exercice pouvant paraître simple, propose néanmoins aux auteurs et aux autrices de s’approprier le souvenir pour en décliner une histoire inédite. Les textes doivent faire une certaine taille, mais surtout ils doivent convoquer le « Sense of Wonder ».
Un projet au long cours, ici Dystopia à l’idée de décliner son projet en plusieurs numéros, comme une revue, et d’inviter des auteurs et autrices différents à chaque publication. Pour accompagner les textes, des artistes accompagnent le projet ( illustrateur/ices, dessinateur/ices, photographes, sculpteur/rices,..). Un gros projet qui est la promesse d’offrir des variations infinies autour de la thématique du souvenir et de l’émerveillement.
Ce qui nous amène très naturellement au premier numéro. Ici nous avons le plaisir de découvrir les textes de Guillaume Chamanadjian, Luvan et Sébastien Juillard. Trois mastodontes du renouveau français de la littérature de l’imaginaire. Trois textes puissants abordant des univers riches et complexes, tout en créant un lien commun de par la thématique.
Du Cyberpunk pour Guillaume Chamanadjian, Du post-apo pour Luvan et enfin la science-fiction de Sébastien Juillard. Le tout est accompagné par une préface ainsi qu’une postface passionnante parlant du projet, de sa genèse et de la route voulue. Mais aussi les superbes illustrations d’Arnaud Mniak, Elvire De Cock, Lia Vesperale et Lise L. accompagnent à la perfection tout ce projet.
Ce premier numéro est une totale réussite, et il faut soutenir ce genre de projets pour l’audace, la richesse et la variété proposée. Derrière Le Grillage est une idée un peu folle, un projet ambitieux pour un résultat passionnant et qui donne envie de voir la suite. Alors, si vous voulez explorer des mondes et soutenir un super projet, vous savez ce qu’il vous reste à faire.
Dystopia,
290 pages,
Ted.