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Tommy Orange – Les étoiles errantes

Il est souvent à craindre que le second roman d’un auteur déçoive, particulièrement après un premier texte aussi brillant. Mais Tommy Orange n’en a pas fini avec nous, bien au contraire. Il propose ici un second roman tout aussi puissant, plus maîtrisé par bien des aspects, bien que d’apparence plus sobre de par sa maîtrise, l’auteur nous plonge dans une fresque de l’intime viscérale et captivante.

« J’ai grandi en entendant l’histoire du massacre de Sand Creek, celle d’un jeune homme sauvant un bébé le jour du massacre. C’est de là que mon père a tiré son nom Cheyenne. Mon père a toujours été très clair avec nous sur le fait que nous étions des Cheyenne du Sud, et il n’hésitait pas à dénoncer toutes les erreurs des Blancs dans leur récit des Amérindiens et des origines de ce pays. À l’école, on ne nous enseignait pratiquement que l’histoire du repas des pèlerins et des Indiens, vieille de 400 ans. Je connaissais les internats depuis 2006 ou 2007, ayant travaillé dans la communauté autochtone d’Oakland et en ayant entendu parler grâce à un film que j’avais vu lors d’une réunion communautaire. Mais je ne savais rien de l’expérience du château-prison de Fort Marion. »

Tout commença avec « Bird » et se termine de nos jours. Tout démarre par le massacre de Sand Creek, dans le Colorado, par le vaste programme de christianisation des Indiens, et se termine de nos jours chez les descendants de « Bird ».
Un parcours qui s’étend sur pas loin de cent soixante ans, période durant laquelle nous allons assister à la destruction de la culture indienne, par les programmes gouvernementaux américains et les conséquences que cet effacement va provoquer.

Dans un style tout en finesse et élégance, l’auteur s’intéresse aux parcours de chaque génération, de Bird, de Victor Bear Shield, d’Hannah et Jude Star, de leurs descendants. De l’effacement à l’adaptation de l’Amérique blanche, de l’acculture amérindienne à la quête d’identité de nos jours.

Nous pourrions imaginer que l’adaptation fut sans conséquence, mais ici Tommy Orange, par le biais de cette famille, nous montre tout l’impact individuel et collectif que ce programme eut sur les autochtones. Un programme qui voulait « tuer l’Indien pour sauver l’homme ». Ce qui implique de renier son histoire. Mais peut-on réellement vivre sans passé ?

Tommy Orange est une voix qui compte. Il apporte texte après texte une voix supplémentaire à l’Amérique des autochtones. Une Amérique plus riche, plus grande, et qui porte en elle les traces d’une rencontre ( entre autochtones et blancs) traumatisante et qui défigura à jamais la promesse d’un nouveau monde.

Éditions Albin Michel,
Collection Terres d’Amérique,
Trad, Stéphane Roques,
355 pages,
Ted.

À propos Ted

Fondateur, Chroniqueur

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