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Abattoir 5 – Kurt VONNEGUT

Billy Pèlerin est un jeune soldat. Enrôlé dans une guerre pour laquelle il n’a qu’un goût modéré, il se retrouve derrière les lignes allemandes en 1944. Capturé, il finit par échouer à Dresde, laquelle se fait raser par l’aviation alliée le 13 février 1945. Il y survit. C’est la vie.
Billy Pèlerin est un survivant. L’avion dans lequel il se rendait à une convention d’opticiens à Vancouver vient de s’écraser dans les montagnes du Vermont. Seul survivant avec le copilote de l’appareil, il se retrouve à l’hôpital dans un état proche de la mort. Mais il survit. C’est la vie.
Billy Pèlerin est un spécimen. Enlevé par les Tralfamadoriens, il est exposé en tant que Terrien, attraction principale du zoo de la planète. Ses habitants, fascinés et apitoyés par la cécité dont il est atteint, se massent en effet devant sa cellule. Le pauvre Billy ne voit en effet qu’en trois dimensions alors que les Tralfamadoriens voient chaque être à travers toutes les étapes qu’il traverse au fil du temps.
Billy Pèlerin est un jeune marié indifférent à son mariage. Billy Pèlerin est un étudiant malade. Billy Pèlerin est tout ça à la fois. Il vogue au fil du temps, au gré des différentes étapes de son existence, don qu’il a ramené de son voyage sur Tralfamadore.

Kurt Vonnegut voulait écrire sur le bombardement de Dresde. Il se pose au début du livre la question de comment aborder ce massacre. Il finit par en parler dans le livre, mais il s’en sert comme dénonciation de la vanité des hommes. Tralfamadore est alors une mise en exergue de cette vacuité qui lui permet de renvoyer l’humain à la place insignifiante qu’il occupe dans l’histoire, qui s’est écoulée et s’écoulera quelles que puissent être ses actions. On comprend ainsi que la déconstruction apparente de la vie de Billy Pèlerin ne sert qu’à exposer que, son futur chevauchant son passé et cohabitant avec lui, il ne peut que suivre le cours des événements sans pouvoir y interférer. Et c’est dans ce déterminisme ambiant que la vraie leçon de vie nous vient non pas d’un humain mais des Tralfamadoriens : étirer et optimiser les souvenirs que l’on tirera des bons moments au lieu de nous complaire dans les mauvais. « C’est la vie » est un gimmick récurrent du livre, ponctuant chaque mention de décès dans le livre, comme pour mieux nous rappeler que la mort est la seule étape sûre associée à la vie. Et cette race extra-terrestre le sait mieux que quiconque, eux qui perçoivent simultanément le début et la fin des choses.

Malgré tout, j’espère que ce livre ne vous paraît pas trop noir à première vue, car il ne l’est définitivement pas ! La poésie surréaliste de l’écriture de Vonnegut rend les épreuves du personnage principal beaucoup plus légères que je n’ai pu les décrire moi-même. Il est un extraordinaire auteur dont le style permet de savourer le plus dur des messages. Je voulais à ce sujet remercier Marcelline qui m’a poussé à lire ce livre. Alors n’hésitez pas : oubliez les périodes difficiles et concentrez-vous sur les bons moments ! Et surtout n’oubliez pas : c’est la vie !


Abattoir-5Editions Points

Traduction : Lucienne Lotringer
220 pages

Jérémy

À propos Jérémy

Chronique/Co-Fondateur

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