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Donna Tartt – Le chardonneret

81trluoduml-_sl1500_Prix Pullitzer, voila un titre qui m’a incité quelques fois à lire un livre. Il est toujours intéressant de découvrir les livres adulés et récompensés par les nombreux prix littéraire. Quelques fois nous faisons d’excellentes découvertes (La Route, Cormac McCarthy). « Le Chardonneret » de Donna Tartt m’intriguais déjà beaucoup depuis sa sortie, ma faiblesse pour les pavés littéraires, la collection « Feux Croisés » chez Plon et l’émission « La grande librairie » m’avaient déjà incité à m’attarder dessus à l’occasion, lors de prochaines vacances ou lors de cette période début août où plus rien ne sort. Puis ça m’était passé, tant d’auteurs méconnus sortant des chefs d’œuvres entre février et avril cela m’avait replongé dans cet univers d’éditeurs indépendants.
Alors vous imaginez bien que lors de l’annonce du vainqueur du prix Pullitzer la question « faut-il lire rapidement ? s’est imposé à moi.

Théo, petit New-yorkais âgé de 13 ans, est convoqué par son école avec sa mère pour une bêtise faite, mais il ne sait pas laquelle. Cette convocation tombe un jour de forte pluie, qui va obliger Théo et sa maman, après un parcours plus que chaotique en taxi, à se réfugier au musée. Ce musée qui expose des toiles de maîtres européens dont le fameux « Chardonneret ».
Mais voila il s’agit d’une journée pas comme les autres et lorsqu’une bombe explose dans le musée, que Théo se réveille dans la salle du « Chardonneret » entouré de débris, d’agonisants et de morts il ne pense plus qu’à rentrer chez lui attendre sa maman. Dans sa fuite il va prendre le tableau « Le Chardonneret » ainsi qu’une bague que lui a remise un vieil homme à l’agonie en lui disant de la ramener à une certaine adresse.
Que va-t-il se passer pour Théo à partir de ce moment-là et pourquoi le retrouvons-nous cloitré dans une chambre d’hôtel d’Amsterdam quatorze ans plus tard ?

Ce qu’il y a de formidable avec un bon roman initiatique, comme « Le monde selon Garp » de John Irving ou en prenant plus récemment « Canada » de Richard Ford, c’est la sensation de connaître le personnage principal comme si nous l’avions toujours côtoyé. Son enfance, son adolescence, ses goûts, ses connaissances, sa culture, son premier amour, etc… tout est méticuleusement distillé sous la plume de l’auteur. Le roman devient attachant et addictif et c’est souvent ce lien qui nous pousse à subir avec le personnage principal toutes ses aventures.
Mais Donna Tartt m’a posé un réel souci. Les 300 premières pages était magnifique, le style, le rythme, les personnages, l’histoire tout est bien agencé, millimétré, tout tombe au bon moment, rien ne déborde. Mais son histoire trop « classique », pour reprendre certaines chroniques, très « Dickensien » est à double tranchant, car dépassé l’émerveillement du début tombe l’ennui.

Alors avant d’aller plus loin il est utile de dire qu’il s’agit de mon avis et qu’il n’engage que moi.

Nous sommes bien dans le roman initiatique et nous en apprenons bien plus qu’il n’en faut sur le jeune Théo, mais nous en apprenons trop. Ce n’est pas un mauvais roman, l’histoire est bien construite, la psychologie des personnages, du moins les principaux, bien travaillée et l’écriture comme je le disais plus haut est d’une justesse d’orfèvre, le bon mot au bon moment.
Mais ce qui m’a perturbé dans ce roman est plus subtil. A trop vouloir faire parfait, l’histoire en devient trop lisse et c’est cet essai de perfection qui m’aura le plus dérangé. A trop vouloir trouver la belle tournure, à trop vouloir enrichir l’histoire des personnages, l’on se perd dans une histoire sans faille ni accroc.

Donc avis mitigé, un roman bien écrit mais trop lisse ainsi qu’une histoire intéressante mais trop souvent prévisible. Quand nous avons monté le site, nous ne voulions parler que des livres qui nous plaisaient. Recenser nos coups de cœur et laisser la critique négative aux autres, car il y a tellement de pépites qui sortent chaque année qu’il est presque criminel de ne pas en parler. Je pense être encore dans les limites de la « charte » d’un dernier livre avant la fin du monde en présentant le roman de Donna Tartt. Car dix ans de travail pour écrire ce pavé est admirable, et j’en garde tout de même un bon souvenir de lecture. Qui plus est je voulais en parler car ce roman plaira à bon nombre de lecteurs, même si nous ne sommes pas à la croisé des chemins entre William Gaddis et de John Irving, nous avons quand même le droit à un bon roman initiatique bien écrit.

Editions Plon
795 pages

Ted

À propos Ted

Fondateur, Chroniqueur

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