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Le mauvais œil – Pan Bouyoucas

Imaginez-vous la scène. Une bourgade sympathique et habituellement très attractive est soudainement frappée par un abandon croissant de celui qui était alors son gagne-pain : le touriste. Envolé, toute la petite communauté se voit plongée dans un profonde mélancolie. Ambiance maussade et peur du complot, certaines fortes têtes s’agitent. Prenez Lapis-Lazuli qui craint de ne pouvoir offrir à son bambin l’avenir qu’elle espère. Et dire que son mari vient de doubler le stock de phylactères ! Elle enfile sa belle robe tour du monde, rencontre la Piano qui la complimente mais sans cracher trois fois et l’instant d’après, la superbe robe est filée, bonne à jeter. Il ne lui en faut pas plus pour décréter que la Piano porte sur elle le mauvais œil.

Les superstitions sont le carburant du récit, son cœur et ses bondissements. Les personnages portent des noms d’oiseaux et s’animent par le désir irréversible de trouver un coupable, une raison à tous leurs malheurs. Une robe filée, un poignet foulé, une ado qui disparait, une chapelle qui brûle. Le coupable est clairement désigné : la Piano et son sourire arrogant qui doit bien cacher quelque chose…non ? Tout devient un excellent prétexte pour vendre les quatre mille phylactères commandés par son mari. Lapis-Lazuli, une espèce de monstre dans un corps de bonne femme, prête à détruire une vie pour en faire profiter son commerce.

« J’aurais du trouver une porte-poisse moins dégourdie. En voyant ses phylactères, pour ne pas perdre les cours qu’elle donne gratis, ils vont la porter aux nues. Faut pas la laisser gagner. Il y va des études de mon garçon. Mais comment lui damer le pion et vendre mes grigris ? Il m’en reste trois mille sept cents. »

D’abord, on lit la quatrième de couverture et on se dit, comment l’auteur avec un tel sujet, va réussir à nous emmener avec lui au fil de la lecture ? C’est vraiment ce qu’on se dit. Puis, on lit une page, puis deux. Enfin on se met à lire de manière compulsive, à dévorer les mini-chapitres ultra-dynamiques, complètement emballé par la superbe langue de l’auteur. Les personnages sont à mourir de rire et à pleurer, galerie folle de portraits déjantés au cœur de cette mascarade complètement cinglée. Ça craque sous la dent et Pan Bouyoucas nous nourrit d’une littérature à tomber, nous délivrant un récit de génie ! Les Allusifs signent encore un petit bijou, une extraordinaire nouveauté.

Le mauvais œilLes Allusifs

139 pages

Lucie

À propos Lucie

Chroniqueuse

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