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I.G.H. – J.G. Ballard

Suite à son divorce, le Dr. Laing souhaite prendre un nouveau départ. Et quoi de mieux pour une nouvelle vie qu’un nouveau chez soi ? Cédant à la pression de sa sœur, Laing investit dans l’un des appartements du 25ème étage du complexe d’immeubles de grande hauteur construit dans la périphérie londonienne. Véritable ville intérieure, on y trouve écoles, piscines, salles de sport, banques, supermarchés, restaurants… Laing va y rencontrer une foultitude de nouvelles personnes, comme Wilder le journaliste du 2ème étage, Charlotte, sa belle voisine du dessus, le couple Steele, ainsi qu’Anthony Royal, l’un des architectes du projet, vivant au 40ème et dernier étage.
En autarcie quasi-totale, les habitants n’ont à quitter l’immeuble que pour aller travailler ou presque. Une hiérarchie se dessine rapidement, les classes sociales les plus aisées vivant dans les étages supérieurs, les plus bas étages étant peuplés par les plus pauvres. La vie en vase-clos se développe, des règles se créent et chaque chose semble suivre son cours. Mais c’est sans compter sur les pannes électriques de plus en plus fréquentes qui vont dérégler le fonctionnement global de l’immeuble (pannes d’ascenseur, de climatisation…) et déclencher une véritable guérilla entre les habitants des différents étages.

IGH est le 3ème roman intégré à la Trilogie de béton, qui comprend également Crash ! et L’île de béton. Reprenant les thèmes qu’affectionne Ballard, on va trouver dans IGH une critique mordante et particulièrement dure de la société de classes britannique et de la course à la modernisation et à l’isolement des individus. Le véritable personnage principal de ce livre est bien l’immeuble, masse de béton, d’acier et de verre qui se referme sur ses habitants, enfermés volontaires qui se plient aux lois qui régissent les interactions sociales. Les incidents plus ou moins graves qui viennent détraquer la vie quotidienne et les relations sociales deviennent presque un prétexte à un relâchement total et un rabaissement des comportements sociaux à leurs pendant primaires et violents. On peut être désarçonné lors de la lecture par le laisser-faire de certains habitants, leur incapacité à quitter cet immeuble qui les dévore et les détruit. La narration de Ballard, plutôt en retrait et dans l’analyse comportementale, surprend. On va suivre plusieurs personnages très différents, allant du Dr. Laing qui, bien que parfois étonné par les comportements, semble plutôt bien s’adapter et faire siennes les règles de plus en plus abjectes de fonctionnement dans l’immeuble ; Richard Wilder, ancien rugbyman et producteur pour la télévision qui lui, bien conscient de cette guerre des classes, parcourt l’immeuble caméra au poing pour filmer (et provoquer ?) les incidents et la folie qui s’empare des habitants ; Anthony Royal, l’un des architectes du projet, qui constate l’échec de sa vision mais fait sienne la métamorphose des lieux comme des êtres.

Dur, violent, glauque et dérangeant. On pourrait dire tout cela d’IGH. Parfois presque trop d’ailleurs. Mais qu’importe. Ballard a instauré une direction qu’il compte suivre, et nous mène de situations impensables en comportements aberrants, et pourtant si logique dans l’esprit et la continuité des événements de la tour. Entre régression en mode tribal et retour à une enfance dégénérée, les personnages d’IGH se complaisent dans leur folie, et attendent que d’autres suivent. Ballard, comme à son habitude, fait preuve d’une acuité et d’une modernité assez glaçante.

Je vous encourage vivement à profiter également de l’adaptation d’IGH, sortie sous le titre original High-Rise, de Ben Wheatley, qui retranscrit très bien visuellement cette folie insaisissable et pourtant inarrêtable qui s’empare des habitants de l’immeuble, et ornée d’une BO absolument incroyable.

IGH couvI.G.H. in La trilogie de béton,
Traduit de l’anglais par Robert Louit,
Folio

À propos Marcelline

Chroniqueuse/Co-Fondatrice

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