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Ian McEwan – Une machine comme moi

Ian McEwan est une figure singulière de la littérature Anglaise contemporaine. Mélangeant habilement les genres pour servir un propos d’une apparente légèreté mais offrant finalement plus de profondeur que l’on ne pourrait croire.

En France, nous avons beaucoup entendu parler de Ian McEwan avec son roman « L’intérêt de l’enfant » qui s’attaquait aux dogmes religieux pouvant interférer avec la nécessité de la médecine, ici une transfusion sanguine, pour la survie d’un enfant.

Une quinzaine de romans parcourus par une alternance entre humour noir subtil et une précision chirurgicale dans le propos. Toujours pertinent et offrant plus qu’un simple divertissement aux lecteurs, Ian McEwan est ce genre d’auteur chez lequel le message prend autant de place que l’histoire, si ce n’est plus.

Une Machine comme moi ( Machines like me and people like you en version originale) s’intéresse à la robotique et plus particulièrement aux intelligences artificielles et les interactions qu’elles peuvent avoir avec l’Homme.

Dans un monde alternatif, en 1982, les anglais ont pris une cuisante défaite aux Malouines et Alan Turing ne s’est pas suicidé. Un monde dans lequel les Beatles vieillissants sont toujours au complet et actifs. La robotique et les intelligences artificielles ont fait un tel bond en avant que la première série d’Androïdes est commercialisée, Adam et Eve. Charlie un londonien trentenaire, amoureux de sa voisine, Miranda, suite à une grosse rentrée d’argent fait l’acquisition d’un modèle Adam. Ce Trio amoureux, oui oui Adam aussi est amoureux de Miranda, évolue dans une Angleterre en plein changement, dans une nation qui peut potentiellement sortir de l’union européenne. Une population qui s’égare dans les atermoiements politiques et idéologiques, Dans ce contexte et suite au passé mystérieux de Miranda, le trio va progressivement basculer dans un monde où la morale et la flexibilité vont être cruellement mis à l’épreuve. Comment un androïde programmé pour respecter les règles peut-il s’adapter dans ce monde ?

Ian McEwan par le truchement d’Adam interroge  nos règles et principes, et les limites que nous nous imposons. Finalement nos lois et valeurs morales ne sont-elles tout simplement pas une vue de l’esprit ? Il s’attaque ainsi à ce que l’on pourrait appeler la doctrine morale de la société. En les poussant dans des situations cocasses ou complexes, l’auteur dévoile les failles de ces dernières.

Ian McEwan fait basculer progressivement le lecteur de l’autre côté, et les principes fondamentaux programmés chez Adam deviennent petit à petit des principes que nous finissons par trouver liberticides dans le contexte de l’histoire de Charlie et Miranda. Bien sûr je parle des grandes lignes ici, l’auteur étant beaucoup plus fin et finalement restant avant tout un conteur, il se permet nuances et digressions pour créer un ensemble beaucoup plus naturel et homogène.

Un autre point important que l’auteur laisse transparaître en filigrane, est le questionnement de l’évolution, serions-nous prêt à coexister avec des androïdes programmés pour ne pas faillir et respecter les règles dictées ?

Il en ressort de ce roman une profondeur tout humaniste de l’auteur. Touchant le lecteur par ses propos comme par le message, Ian McEwan offre ici très certainement un message optimiste et ironique sur notre besoin de l’autre et notre incapacité à vivre avec d’autres intelligences que celle de l’homme.

C’est fin, drôle et , tout en distillant une légère touche de science fiction, questionne notre rapport au monde et à l’évolution. Peut-être pas son meilleur roman, mais un excellent livre qui ne manquera pas de vous interroger tout au long de sa lecture.

Gallimard,
Trad. Fance Campus-Pinchon,
386 pages,
Ted.

À propos Ted

Fondateur, Chroniqueur

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2 Commentaires

  1. J’adore McEwan. Et plus je lis de billets, plus j’ai envie de le lire.

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