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Killoffer – Tel qu’en lui-même, enfin

Ahlala ! Ce n’est pas tous les jours facile d’être un artiste. Surtout quand on s’appelle Killoffer et qu’on passe ses journées à rêvasser de jolies rondeurs, à merder dans ses plannings puis ses nuits à picoler.
Ainsi donc Killoffer revient avec Tel qu’en lui-même, enfin. aux éditions de L’Association – dont il est l’un des fondateurs – car il faut bien avouer que ses parutions se font bien rares et ce pour notre plus grande tristesse. Artiste hors normes, fondateur de l’OUBAPO, il est là où on ne l’attend jamais, compilant toutes les déviations possibles à son art allant de la BD à l’affiche, des dessins de presse aux décors et on en passe.

Tel qu’en lui-même, enfin. est le résultat de cinq années de travail au journal Le Tigre, de 2010 à 2015, année de sa disparition où Killoffer se voyait «  Killoffer en ».
Killoffer en poisson, Killoffer en enfer, Killoffer en Killoffer… Killoffer excelle dans l’autocritque et l’autoflagellation, poussant jusqu’au bout son personnage de jouisseur décadent, mec cool amateur de râteaux qui peut agacer autant qu’il peut émouvoir. A ce jeu il est très fort, poussant la contradiction du personnage jusqu’aux sentiments du lecteur.

Maître de l’autofiction, maniant avec art sa propre image, libre de pouvoir exceller jusqu’au bout son envie d’être Killoffer le Grand, Tel qu’en lui-même,enfin fait écho aux 676 apparitions de Killoffer qui est bien plus punk et foutraque, poussant la contrainte de l’ego jusqu’au bout, utilisant son obsession de soi et des femmes qui fait de 676 apparitions de Killoffer un immense ego trip incroyable de maîtrise.
Ce nouvel opus est plus serein, plus mature, plein de cet humour décontracté et amer. Parfois poétique et rêveur, parfois une bulle de sérénité éclate au milieu de cet enfer terrestre. On découvre un autre Killoffer parmi les autres et cette liberté de soi permet de créer une œuvre autobiographique loin des conventions.

Killo6

Killoffer fait de cette bd un exercice de style. En effet chaque page gauche est une illustration qui renvoie à droite à une page découpée en huit cases « plus classiques ». Ce cadre sert de contraintes, de limites , un petit jeu dans lequel excelle Killoffer qui jongle avec talent entre lui même et son personnage.
Enfin il ne faut pas oublier une chose qui est primordiale : Killoffer maîtrise l’art de la ligne et du noir et blanc à la perfection. Son œuvre est une merveille pour les yeux, bourrée de détails et pleines de recoins, Killoffer passe à travers de simples lignes un imaginaire graphique incroyable de puissance et de beauté. Un vrai régal !
En bref, Killoffer on l’aime d’amour même s’il mérite quelques claques parfois, on lui ferait bien un petit câlin et surtout c’est un immense artiste qui n’est malheureusement pas assez reconnu. Mais lui qui rêve de gloire, d’argent et de femmes, pour nous qui nous repaissons de ses embrouilles, il vaut mieux qu’il reste Tel qu’en lui-même. Enfin.

killoffer_tel_quen_lui-meme_couvEditions L’Association

101 pages

Gwen

À propos Gwendoline

Chroniqueuse

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