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Kôji Suzuki- The Ring (intégrale)

The Ring…  Immanquable du cinéma d’horreur asiatique, ce titre a glissé des frissons le long de nombreuses échines avec son ambiance singulièrement pesante et lente, faisant monter l’épouvante créscendo sans pour autant montrer des litres et des litres d’hémoglobine.
Hideo Nakata a élaboré ses films d’après le préquel Sadako et la trilogie de Kaji Suzuki, best-sellers parus entre 1991 et 1998. En tant que fan de ces adaptations, il va de soi que j’avais la plus grande hâte de dévorer l’intégrale éditée par Pocket!
Et j’ai été loin, très loin d’être déçue, car il s’agit d’une redécouverte totale de l’univers sombre et aqueux gravitant autour de Sadako et de sa fameuse cassette maléfique, une véritable surprise littéraire balançant entre le polar et l’horreur qui m’a totalement absorbée.

Reprenons du début: un jour Asakawa, journaliste toujours sur le qui-vive, s’aperçoit par hasard que des faits étrangement similaires se produisent aux quatre coins de Tokyo. En effet, sa nièce et d’autres jeunes succombent simultanément d’un arrêt cardiaque, sans aucun signe avant-coureur, et tous portent un masque mortuaire où se lisent la surprise et l’effroi. Sentant que quelque chose d’anormal se cache derrière tout cela, et poussé par sa curiosité journalistique et son intérêt pour les faits paranormaux, il se jette dans une aventure qui le mettra en danger au delà de tout ce qu’il pouvait imaginer.
De fil en aiguille, aidé par son ami anticonformiste et surdoué Ruyji, il découvre une mystérieuse malédiction imprimée sur la bande magnétique d’une VHS, portant l’anathème de Sadako Yamamura, jeune fille aux pouvoirs psychiques et à la beauté aussi envoutante que surhumaine.
Dans ce premier volume, Kôji Suzuki nous fait pénétrer dans un monde mystique où le supranormal est fortement mis en avant, le tout ayant comme décor un Japon balançant entre les croyances, les traditions anciennes et les peurs contemporaines de cet archipel toujours à la pointe de la technologie, comme le démontre si bien l’objet porteur de l’imprécation ancestrale.

Double Hélice continue l’histoire là où The Ring s’était achevé en points de suspensions créant une attente insupportable quant à la suite des événements.
De nouveaux personnages prennent le relais sur Asakawa et Ruyji, notamment Ando, protagoniste principal, exerçant le métier de médecin légiste dans une morgue tokyoïte. Détruit par la noyade de son jeune fils quelques années plus tôt, ce personnage plutôt taciturne et mélancolique va être pris dans les méandres de la malédiction de Sadako, qui prend une toute autre tournure.
Se basant sur une trame nettement plus scientifique et éludant l’aspect spirituel de la damnation, l’auteur se concentre sur la thématique tristement plus moderne du virus du cancer, apportant un nouveau tournant à son récit. Entre explications sur les atomes et utilisation du langage scientifique, le tout traduit de manière claire pour les néophytes, se glissent des scènes faisant écho à l’horreur de l’exécration maléfique, qui prend de plus en plus d’ampleur.

Enfin, La Boucle achève cette trilogie avec Kaoru, jeune homme passionné par les sciences, au QI et à l’intuition étonnement élevés, qui évolue dans un monde découlant des faits et gestes des personnages précédents: gangréné par un mal inconnu portant les caractéristiques du cancer mais en plus virulent et implacable encore. Poussé par la volonté de sauver son père de la maladie, sa mère de la folie et sa petite-amie du désespoir, il va se lancer sur les traces du projet nommé La Boucle, démarré une vingtaine d’années plus tôt et ayant de nombreuses coïncidences avec la maladie qui ronge l’Humanité.
Allant jusque dans le désert américain pour trouver un remède et des réponses à ses nombreuses questions, il ne pourra pas appréhender ce qui l’attend. Car il n’est qu’un grain de poussière au coeur d’un engrenage autrement plus complexe, ayant le pouvoir de décider du sort des gens, de leurs choix et de leurs destinés respectifs
Dans cet ultime volume, Kojî Suzuki se penche sur l’informatique et les questionnements éthiques d’une manière haletante, réussissant à maintenir la tension qui règne depuis les premières lignes de The Ring.

Alors oui, à première vue l’imposante masse de cette intégrale peut décourager ceux qui pensent ne lire que le scénario premier des adaptations cinématographiques. Mais cela serait passer à côté d’un livre tout bonnement prenant, que je n’ai pas réussi à lâcher avant de l’avoir lu jusqu’au dernier caractère.
L’auteur parvient à créer un univers qui se réinvente de tome en tome sans pour autant changer de trame de fond, avec des personnages qui n’ayant l’air d’avoir que peu ou pas de lien entre eux, se trouvent pris au piège d’une force bien plus maligne qu’il n’y paraît.
Tout s’imbrique parfaitement, il n’y a jamais de contresens: l’évolution de l’histoire originelle de Sadako est un plaisir à découvrir et on se laisse facilement prendre au jeu de ce polar aux teintes horrifiques, même lorsque l’on n’est pas adepte du genre.

Kôji Suzuki the ring

 

Editions pocket
1042 pages
Caroline

À propos Caroline

Chroniqueuse

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