« Isolé, séparé de sa femme, Denis est persuadé qu’un accident nucléaire va frapper la France. Paranoïaque, l’homme vide les caisses de son employeur, son compte en banque et kidnappe son jeune fils de six ans. Ensemble, ils vont remonter la Loire en direction de la centrale où, selon lui, tout va commencer. Mais la radioactivité est déjà à l’œuvre au cœur même des choses et bouleverse la vie des hommes. »
Dans ce roman à la mixture post-apocalyptique et roman écologique Benjamin Berton dresse un portrait lucide d’une société en crise. Pour commencer il s’engage à replanter, tout les 25 exemplaires vendus, un arbre. Solution marketing ? Message écologique ? Véritable prise de conscience ? Il n’en reste pas un moins un geste plutôt salutaire tant la rentrée littéraire et ses quelques 610 livres a représenté un coup de fabrication monstrueux.
Avec un tel synopsis on ne peut que s’attendre à foutre les deux pieds dans le plat d’un immense prisme «science fiction ». Et bien pas tant que ça…
Et c’est avec une tournure inattendue que « Nuage radioactif » devient beaucoup plus malin.
Se servant de la catastrophe comme d’une toile de fond, comme l’avait si habillement fait Camille Leboulanger avec son roman « Enfin la nuit », Benjamin Berton mise d’abord sur l’accentuation humaine, psychologique et le voyage « intérieur ». Les dialogues père/fils s’avèrent riches et la finesse avec laquelle les personnages timbrés entrent en scène déposent une brume d’ambiguïté sur le roman. Germe alors dans l’esprit du lecteur d’étranges confusions… Denis est-il vraiment le père de l’enfant ? Tout cela est-il vraiment réel ? Le nuage bleu électrique n’est-il pas seulement un symbole ? Sans vraiment apporter de réponses à tout ces questions, ce qui aurait favorisé la tendance « réponses-clichés », l’auteur semble jouer avec l’interrogation et l’ambiguïté.
« À quelques dizaines de mètres de la Loire, stationnait un petit nuage bleu électrique, devenu un nuage moyen et cotonneux en forme de bulle de bande dessinée. Il paraissait bleu parmi les autres nuages gris mais sans doute est-ce qu’il ne l’était pas tant que ça. C’était le petit nuage de la Loire, venu de Chinon, et peu importe ce qu’il avait dans le ventre. Il n’était pas tout à fait normal qu’il se soit formé là et de cette façon. »
Mais à force de jouer avec les genres l’auteur ne rentre jamais à fond dans le détail et laisse le récit dans un état « d’assemblage ». Au fur et à mesure du roman on ne peut s’empêcher l’apparition de quelques dangereuses questions? N’est-ce pas, dans le fond, un roman écolo caché par des composantes du roman de genre ? Le roman tend-t-il à faire passer un message, une morale ? Si oui, l’équilibre des genres n’est-il pas un peu casse-gueule ?
Sans être la découverte du siècle « Nuage radioactif » est un roman étrange. Une sorte de mélange mal dosé entre roman de genre et littérature blanche. L’intrigue est pourtant intéressante et les personnages originaux mais une fois le bouquin fini il reste un goût étrange en bouche…
Surtout que la fin est plutôt … dépaysante.
Un road-book exotique.