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Daniel Moyano – La trille du diable

Figure atypique de la littérature d’Argentine, Daniel Moyano a laissé derrière lui sept romans et huit recueils de nouvelles. Une carrière en deux temps, commençant en 1959 en Argentine, avant de se poursuivre à partir de 1973 et jusqu’à sa mort en 1992, en Espagne. Ainsi, cet auteur et musicien, à marquer l’histoire de la littérature de son pays, et de la littérature mondiale, laissant son empreinte en jouant la démesure.

Mariant allégrement ses deux passions, ce n’est pas sans une certaine musicalité que ses récits se racontent, offrant souvent une réflexion passionnante sur les relations, l’humain et comment ses personnages se retrouvent en prise avec l’Histoire, venant ici ou là faire exploser l’intime pour en révéler toute sa profondeur et ses mécanismes. Piochant allégrement dans le picaresque et l’absurde, c’est sur la condition humaine, notamment celle du peuple argentin, que Moyano se montre le plus passionnant. La Trille du Diable ne déroge pas à la règle.

Publié précédemment aux éditions Robert Laffont et accompagné d’un second texte ( Marie Violon) traduit par Annie Morvan en 1983, ce dernier était depuis introuvable et Moyano semblait destiné aux limbes des auteurs talentueux mais oubliés.

Mais voilà que l’excellente maison d’éditions « La dernière Goutte » fit preuve de génie en nous proposant en ce début d’année, une nouvelle édition de « La trille du Diable » avec une traduction d’Hélène Serrano et une couverture tout en sobriété et élégance.

En Argentine, une ville crée par erreur, trop loin du lieu prévu, poussant au milieu de nulle part : La Rioja. Dans ce coin paumé est né une histoire, puis des histoires et enfin un enfant, Triclinio, qui s’est mis au violon après avoir découvert par son père l’œuvre de Paganini. Mais voilà, son village ne lui apporte pas la possibilité de s’épanouir dans ce sens, ce qui va le décider à prendre la route de Buenos Aires afin de pouvoir réaliser son rêve musical.
Un périple se retrouvant confronté à la réalité de la ville-ogre, de la politique du pays, poussant petit à petit notre protagoniste vers une vie en marge, dans les bidonvilles, parmi d’autres violonistes, qui tout comme lui ont rêvé de devenir musicien et de vivre de leur musique.

Tout le génie de Daniel Moyano en 128 pages. Nous pourrions résumer l’avis sur le texte ainsi. « La trille du diable » fut écrit en 1974, soit juste avant son exil de l’Argentine et sa nouvelle vie en Espagne. Ce qui lui donne une saveur et un contexte particulier. Une forme d’ultime innocence avant les désillusions qu’aura l’auteur vis-à-vis de son pays sur les textes d’après.

Ainsi, « La trille du diable », sous ses aires de récit initiatique, se veut avant tout picaresque voir absurde par moment. Ce qui dans sa narration permet à l’auteur de mettre en exergue la disparité culturelle entre la capitale de l’Argentine et les régions plus reculé du pays. Ce qui par extension plonge « Triclinio » dans une errance quasi-mystique, évoluant dans un univers ( La musique) qui lui parle et qu’il admire, tout en étant confronté à cette grande inconnue qu’est la situation politique changeante de l’Argentine au moment où ce dernier se lance.

« La trille du diable » est savoureux, drôle et touchant. Le roman à ce style, cette saveur si particulière qu’on en commun les auteurs et autrices argentins. Une excellente redécouverte grâce aux éditions de La dernière goutte.

La dernière Goutte,
Trad. Hélène Serrano,
128 pages,
Ted.

À propos Ted

Fondateur, Chroniqueur

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