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Gabriel Josipovici – Hotel Andromeda

Gabriel Josipovici n’a eu de cesse, comme une ritournelle, de tourner et retourner ses obsessions, l’art et l’écriture essentiellement, mais aussi la transmission. Véritable explorateur du récit, il a toujours privilégié les digressions, les variations et les nuances, pour construire un univers singulier reposant autant sur la forme que le fond sur cette nécessité de servir un propos et une histoire. Sorti  en 2021 “Hotel Andromeda”, publié initialement en 2014 en Angleterre, ce récit ne fait pas exception aux grands principes d’un auteur précieux et rare qui construit sans cesse son univers pour le remodeler et l’affiner récit après récit. Le grandiose faisant écho à l’intime, la fiction racontant le réel, et la transmission s’opposant au souvenir. Tout n’est que subtilité et finesse ici, et Gabriel Josipovici un auteur qui invariablement nous ébloui livre après livre.

Au nord de Londres, Helena écrit un livre sur l’artiste américain Joseph Cornell. Un texte ayant un sujet, mais n’ayant pas de forme, elle tâtonne et but sans cesse sur ce dernier, cherchant ainsi à donner corps à l’histoire Joseph Cornell à travers ses œuvres, ses boites, et ses éléments biographiques. Helena s’interroge aussi sur sa sœur, Alice, dont elle a plus de nouvelles depuis des années. Partie en Tchétchénie pour apporter de l’aide humanitaire, Alice ne répond plus à ses lettres. Alors quand, un jour un mystérieux photographe, Ed, arrive de tchétchénie et vient de la part d’Alice pour être hébergé par Helena, tout se bouscule dans sa tête, son œuvre et sa vie.

Gabriel Josipovici casse son style, et écrit un texte plus ramassé, privilégiant le dialogue et la concision là où nous nous attendions à trouver ses digressions et rêveries habituelles. Ainsi, l’auteur affirme une chose importante. Essentielle. Il nous montre à quel point l’écriture doit se mettre au service de l’histoire et pas l’inverse. Un détail qui a toute son importance et déploie un texte puissant sous nos yeux.

Texte sur l’impossibilité de raconter le réel, le récit s’articule sur des scènes de dialogues, sur des séquences se construisant sur des morceaux de souvenirs et de vies. Des séquences comme des boites. Des ellipses tentant de coller à la véracité, mais butant sans cesse sur l’impossibilité de transmettre.
Une impossibilité que l’on retrouve également dans le livre qu’écrit Helena sur l’artiste américain Joseph Cornell. De ce texte découle la frontière de la forme, interrogeant sans cesse ce dernier pour transmettre au mieux l’intention.
Ce livre fonctionnant petit à petit comme un contrepoint au réel. Venant s’ouvrir et errer sur un l’ imaginaire d’un vécu, le fantasme est permis, et parmi les fantômes de notes d’un passé subsiste ce qui fait l’essence du sens et de la transmission. Ainsi Helena construit la légende Joseph Cornell en partant de ses œuvres aux langages que l’on comprend aisément vernaculaire.

La mise en abîme devient, dès lors, le jeu d’un auteur ayant conscience de son rôle et butant lui aussi sur l’impossiblité des enchainements. Son texte, comme dit plus haut, servant totalement l’histoire, il éclaire par l’écrit certaines scènes et propos, condense, coupe,  et construit ainsi une histoire basée sur les élipses et cette biographie écrite par Helena. Une construction narrative qui ne peut que questionner le lecteur sur le rôle du récit et de l’art et ce qu’ils nous laissent comme souvenir.

Quidam éditions,
trad. Vanessa Guignery,
180 pages,
Ted.

À propos Ted

Fondateur, Chroniqueur

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