Quelque part après Mars se trouve une planète recouverte d’une jungle épaisse et grouillante de vie, où faune et flore ne font qu’un. C’est au cœur de ce paysage organique que ce sont rencontré et aimé un humain tombé des étoiles et une cyclope solitaire, sous le trait puissant de Gwénola Carrère. Extra-Végétalia 2 marque la suite de leur aventure muette, clôturant de façon magistrale une histoire en diptyque possédant une sensualité végétale unique.
Dans ce second tome pulsant de vie, l’on suit les traces de ce terrien catapulté dans cet écosystème inconnu. Par hasard, il va découvrir une société exclusivement féminine, vivant en osmose parfait avec son environnement. D’observateur, il va devenir intimement scruté par ces amazones qui n’ont encore jamais vu de pareil spécimen. En entrant dans les méandres de sa mémoire, elles assistent au déploiement de son passé fragmenté, marqué par la fin de son monde, par son exil forcé et sa course aveugle à travers l’univers. Mais dans les replis de ses rêves, s’insinue une ferveur étrangère aux habitantes d’Extra-Végétalia : celle de la passion, des corps qui s’entremêlent peau contre peau.
Tombé par hasard lui sur Extra-Végétalia, l’homme tend à une exploration passive et primitive de cette nature dont il ne connaît pas les codes. Cependant, même s’il ne se place pas en colonisateur, il en dérange malgré lui l’harmonie fragile. Autour de lui, les réactions s’enchainent aussi bien dans la sève que dans les chairs, et sa présence bouscule la sérénité évolutive de la planète et de ses résidantes. En découle des récifs volcaniques épousant les courbes d’une femme, un ombilic racinaire serpentant dans la l’humus, la croissance libératrice de plantes jusque là enclavées : l’équilibre n’est pas rompu, il se métamorphose, s’adapte.
Gwénola Carrère repousse les murs, interroge le rapport à l’autre, en fait une figure miroir questionnant la découverte de l’étranger·ère renvoyant un écho aux formes nouvelles. La nature, son évolution et sa vitalité en constante permutation explosent à chaque page de ce roman graphique aux couleurs envoutantes, d’où jaillit une de sensualité organique. Récit écoféministe muet, Extra-Végétalia véhicule une foule de sensations et d’émotions grâce aux nuances qui s’y entremêlent et la maitrise picturale de l’autrice. Tout n’est que touffeur, exaltation vivante, puissant nectar et fécondité. Les cycles s’y déroulent, entre éclosions et retour à la terre minéral, chaque particule vibre et entre en résonance pour s’ancrer dans la grande partition du renouveau.
128 pages
Les Requins Marteaux et Super Loto éditions
Caroline