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Jiro Taniguchi L'homme qui marche couverture

Jirô Taniguchi – L’homme qui marche

Regretté conteur des temps modernes, Jirô Taniguchi (Les rêveries d’un gourmet solitaire, La forêt millénaire…) parvenait à saisir puis coucher sur papier toute la poésie d’un moment fugace, au premier abord anodin. L’homme qui marche, son premier manga publié en France en 1995 et qui est réédité aujourd’hui, est une ode à la magie de ces instants du quotidien et à leur simple préciosité.

Au cours de dix-huit histoires brèves, on suit les déambulations tranquilles d’un quarantenaire, rythmées par les saisons et les imprévus. Habitant dans le quartier résidentiel paisible d’une ville japonaise, notre marcheur est un homme tout ce qu’il y a de plus ordinaire possédant néanmoins un talent qui se perd de nos jours : celui de savoir prendre le temps d’observer le monde autour de lui, et ainsi de percevoir l’extraordinaire des petits riens.

À l’écoute de ses cinq sens, il est donc attentif aux détails en tout genre : un bruit, une odeur, ou encore un objet délaissé deviennent alors les acteur·rices de récits qui se tissent. C’est ainsi qu’il redécouvre sans cesse de nouveaux éléments cachés dans son paysage quotidien, que ce soit lors du retour du travail, de la promenade du chien ou d’une simple balade oisive. 

À ses côtés, on sent la chaleur étouffant de l’été, la rugosité d’un arbre ou l’on s’étonne et s’amuse d’une réalité déformée par le prisme de verres de lunettes brisés…

Jiro Taniguchi L'homme qui marche image

Jiro Taniguchi image L'homme qui marche

Jirô Taniguchi parvient à nous retransmettre les émotions traversant ce marcheur par la seule puissance de son trait à la fois éthéré et très détaillé. En effet, on trouve peu de mots dans L’homme qui marche, et le résultat désencombré de paroles fait naître une atmosphère enveloppante, calme et sereine. 

On en sait peu sur ce protagoniste souvent solitaire : on ne connaît ni son travail, ni son nom, ni le lieu précis où il vit avec sa femme. Et pourtant, le récit est si intimiste et délicat que l’on se sent malgré tout proche de lui. Peut-être, car il réveille en nous un besoin urgent de reconnexion avec ce qui nous entoure ?

Dans un monde où tout va de plus en plus vite, où l’on est sans cesse sollicité·e de toute part et à tout moment, les déambulations innocentes et les détours inopinés de L’homme qui marche nous invitent à nous ouvrir à la nature même au cœur d’un paysage urbain. Ne pas s’encombrer du superficiel pour profiter au mieux des petits bonheurs fugaces, interagir en symbiose avec son environnement plutôt que de le subir et bien sûr flâner sans but, sans se presser… Autant de leçons que l’on tire de cette lecture aérienne. 

Contemplation et paix intérieure se cachent dans les ruelles étroites et les espaces en plein air de ce trésor que place Jirô Taniguchi entre nos mains.

Jiro Taniguchi L'homme qui marche

Casterman
Traduit du japonais par Patrick Honnoré
208 pages
Caroline

À propos Caroline

Chroniqueuse

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