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John Feffer – Zones de divergence

Tout commença par un article, pour TomDispatch. Le regard d’un homme vivant en 2050, sur le passé immédiat de l’humanité, les années Trump en particulier. Un article que se voulait une réflexion spéculative sur notre avenir, sur le chemin que nous prenions. Cet article, suite à son succès, donna naissance au roman de John Feffer, le bien nommé « Zones de Divergence ».

Une zone de divergence est le lieu ou deux plaques tectoniques s’éloigne l’une de l’autre, provoquant une intense activité volcanique. Mais c’est aussi un essai, écrit par un jeune étudiant en 2020. Un certain Julian West. Un livre qui anticipait énormément de problèmes politiques, écologiques, économiques et sociologiques.

En 2050, le même Julian West, agonisant, entreprend un dernier voyage, revoir sa femme et ses trois enfants une dernière fois. Du fond de son lit et par le bief d’un avatar, il va se retrouver à Bruxelles, Yinchuan, Gaborone ou encore dans un village américain nommé Arcadie. Un voyage vers une dernière tentative de réconciliation avec sa famille et le portrait d’un monde qui n’en finit plus d’agoniser et de tenter de se renouveler.

L’Europe est disloquée, la mondialisation a engendré la montée du nationalisme puis le retour à la consommation ultra local et radical. Des pays comme la Russie, la Chine ou encore le Brésil se sont disloqués, le terrorisme est courant et à l’échelle mondiale. Une seule société se démarque un peu de ce marasme et prospère…CRISPR.

Premier roman de John Feffer, sous son vrai nom, signant ici une Distopie, il est avant tout un spécialiste des relations internationales et le directeur de publication pour le Foreign Policy in Focus. l’auteur est spécialisé dans la politique étrangère de l’Asie du sud est et de l’Europe. C’est avec son regard avisé sur son domaine d’expertise, et d’une manière plus général, avec une analyse critique sur notre monde actuel que son article fut écrit et donna naissance, par la suite, à son roman.

Dystopie dans la plus pure tradition, rappelant J.Ballard par bien des aspects, ce roman ultra référencé et brillant ose s’approprier certains code de la métafiction, en jouant notamment avec les annotations de bas de page. Ce qui a pour effet de pousser le lecteur à prendre du recul sur le récit et avoir un regard critique sur l’histoire de Julian West et sa version des faits. Mais ce qui marque le plus dans cette histoire, reste avant tout l’analyse de notre monde et la possibilité que ce qui est décrit ici puisse devenir réalité demain. Une alternance d’éléments de Science Fiction et d’analyses pertinentes et poussés offre un portrait glaçant d’un avenir que nous ne souhaiterions pour rien au monde et vers lequel, néanmoins, nous penchons dangereusement.

Le parallèle entre la déconstruction du couple, sa perte d’identité en tant que tel et l’évolution du monde est astucieux et pousse le lecteur vers une compréhension encore plus poussé de ce monde en devenir.

Un excellent premier roman, une excellente dystopie, qui pousse à la réflexion. Sans jamais tombé dans l’excès ou le cliché, lorgnant avec les codes de certains style littéraire, ce roman se dévore plus qu’il ne se lit.

Editions Inculte,
Trad.Maxime Berrée
150 pages.

Ted.

À propos Ted

Fondateur, Chroniqueur

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