Alors qu’elle promène son chien le long des trottoirs de son quartier, Poppy découvre par hasard un lieu dont elle ignorait tout, caché derrière de grandes palissades. Avec son compagnon à quatre pattes, elle se retrouve soudainement plongée au cœur d’une forêt où elle fait la rencontre de Rob, un garçon de son âge passionné de nature. Jour après jour, la jeune adolescente prend l’habitude de rejoindre son nouvel ami et d’apprendre à observer tout ce qui vit et fourmille autour d’elle au quotidien. De la pousse fragile qui se transformera en arbre majestueux à la crosse discrète d’une fougère qui se déploie lentement, tout l’éveille dés lors à la richesse de la vie sauvage. Ce sous-bois devient son abris, hors du temps et des soucis, que Poppy souhaite partager avec sa mère. Elle est en effet persuadée que cela lui redonnera le sourire et, peut-être, apaisera son chagrin…
En explorant avec peu de mots mais beaucoup de sensivité les nouveaux liens qui se créent comme ceux à qui il faut dire adieu, Murmures des sous-bois invite au réensauvagement, à la reconnexion avec le vivant et l’autre, qu’il soit humain, animal ou végétal. Les planches de Kengo Kurimoto résonnent de la chanson de la pluie, capturent l’odeur de l’humus et le chant des oiseaux avec une sensibilité déconcertante. On assiste à une amitié naissante, au renouveau d’un sourire et aux larmes d’une tristesse commune, alors que partout retentissent les échos du monde : « Pose-toi. Écoute. Que dit la nature ? »
Ces quelques mots ouvrant le premier chapitre de ce roman graphique invitent aussi bien la jeune héroïne que les lecteurs et lectrices à s’éveiller au merveilleux, en sortant profiter du grand air. En prenant le temps d’observer tout ce qui vit autour de soi, on ne peut qu’admirer la beauté fragile et la sagesse millénaire qui s’y cachent. L’auteur y superpose le cycle de la vie qui éclot et qui s’achève, la tristesse du deuil comme la tendresse d’une relation entre une mère et sa fille qui s’épanouit par le partage et l’héritage.
Kengo Kurimoto nous offre ici une échappatoire au climat morose et oppressant actuel. Il nous invite à reprendre goût à la vie, à accueillir nos émotions et à nous laisser porter par la nature qui nous entoure et dont nous faisons partie, bien que nous ayons tendance à trop souvent l’oublier.
Plus qu’un simple moment de lecture, ce livre tend à reprendre contact avec la nature au quotidien. Tourner les pages de Murmures des sous-bois donne envie de se balader en forêt où nos pas pourraient peut-être croiser ceux d’un cerf et nos yeux l’éclat des étoiles.
Éditions Rue de Sèvres
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Fanny Soubiran
224 pages
Caroline