Accueil » Littérature Française » L’enfance politique, de Noémi Lefebvre

L’enfance politique, de Noémi Lefebvre

On comprend très vite que la narratrice de  L’enfance Politique a subi quelque chose dont son esprit ne s’est pas encore totalement remis, et en attendant il lui faudra bien composer avec la présence de sa mère, chez qui elle se réfugie.

Noémi Lefebvre  écrit les virages de la pensée de sa narratrice, plongée dans un état qui alterne moments d’extrême pertinence et délire absolu.On comprend que Martine était internée, et que la crise qui l’a amenée à cette hospitalisation n’est pas résolue : elle en cherche les justifications dans l’histoire de son pays, de sa famille ou dans la langue.

Martine parle le français et demi, un langage légèrement au-delà du nôtre, constitué de mots bien connus, qui s’étire dans les représentations et dans les sonorités au-delà des frontières des mots qu’on utilise chaque jour. Martine parle une langue de ricochets : un son ou une expression imagée amène une nouvelle idée, une nouvelle image, jusqu’à l’absurdité, mais comme Martine est logique jusqu’à l’épuisement, tout cela se déplie depuis la même feuille.

Martine est attachante car, déclarant ne plus s’intéresser à rien,sauf, peut-être à l’art et aux séries télé ;  elle prend pourtant le temps de formuler des pensées que les gens restés dans le monde normal ne creusent plus. Martine a des allures d’enfant, avec cette logique implacable, mais des questionnements et des blessures d’adulte, assez brutaux.

Noémi Lefebvre signe un fabuleux exercice de langue et de narration : un voyage dans le cours de la pensée, dans laquelle le rire n’est jamais loin, mais c’est un rire polymorphe : un rire de bien-être de voir une pensée alambiquée trouver une conclusion inattendue, ou alors un rire d’admiration devant ce véritable spectacle de contorsion du texte.

Une lecture passionnante à plusieurs niveaux !

enfance-politiqueL’enfance politique, de Noémi Lefebvre

Chez Verticales

février 2015

176 pages

À propos Coralie

Vous aimerez aussi

Marielle Hubert, Il ne faut rien dire, POL.

Marielle Hubert, Il ne faut rien dire.

« Il ne faut rien dire », les mots de la mère seront scellés dans …

2 Commentaires

  1. Je crains qu’il soit peu accessible en fait, les exercices sur la langue rendent parfois le propos plus opaque (je suppose qu’il est entièrement à la première personne?)…je crains ce style d’introspections.Il y a un fil rouge narratif ?

    • Oui il est à la première personne. Le jeu sur la langue emporte le tout pour moi, et l’emporte sur l’histoire. C’est vraiment l’intérêt de ce bouquin

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Powered by keepvid themefull earn money