La paix étend son blanc manteau sur Terre depuis l’armistice de 1914, sous les auspices de la Société des Nations, qui veille au grain et tente de gérer les conflits avant que ceux-ci ne dégénèrent. La découverte de la radiosphère, une couche de la haute atmosphère qui propage les ondes, a permis une unifications des communications à l’échelle planétaire.
Un siècle de paix, apparemment dû à l’apaisement des peuples. Mais lorsque certains s’y sont penchés de plus près, ils ont vu des anomalies, des bizarreries. Des mots changés entre un message émis et celui arrivé, d’autres qui se perdent, des codes improbablement décryptés… Une société secrète, la Correspondance Society, regroupant des universitaires du monde entier, s’est penchée discrètement sur la question et le verdict est terrifiant: la radiosphère est vivante! Un organisme composé de milliards d’êtres microscopiques qui font colonie, comme une masse grouillante d’insectes, une fourmilière géante entourant la planète. Mais dans quel but modifie t-elle les communications terrestres? Pourquoi veut-elle tant maintenir la paix? D’où vient-elle?
Cassie et Thomas, son petit frère, ont vu leurs parents, membres de la Correspondance Society, se faire assassiner par les simulacres, des apparences d’êtres humains construits par l’Hypercolonie, car ceux-ci en savaient trop sur la nature réelle de la radiosphère. Hébergés par leur tante depuis ce drame, elle voit le cauchemar recommencer le soir où elle voit un homme se faire renverser alors qu’il semblait se diriger droit vers leur appartement. Les simulacres sont de retour, et avec un objectif bien particulier. Une course-poursuite s’engage entre les sims dépêchés par l’Hypercolonie et les survivants de la Correspondance Society, pour peut-être enfin comprendre les desseins de la radiosphère et les liens qui l’ont fait s’unir ainsi à la Terre.
Après le détonnant et superbe Julian, Robert Charles Wilson revient dans son domaine de prédilection, la science-fiction pur jus. On retrouve dans ce roman quelques teintes de Spin, avec cette couche supplémentaire qui entoure la Terre, et de manière générale des idées récurrentes chez Wilson sur l’immersion dans la vie des humains d’une « vie » extra-terrestre dont on ne saurait dire au premier abord si son action est louable et désintéressée ou bien si le ver est déjà dans le fruit.
Nous allons suivre Cassie, Thomas et d’autres survivants de la Correspondance Society dans leur course, principalement pour sauver leurs vies, mais aussi pour tenter de comprendre les buts de cette Hypercolonie qui fait tout pour maintenir la paix sur Terre depuis cent ans. Doit-on garder cette paix trafiquée qui vient contre la liberté d’action des individus et des gouvernements, si destructrice soit-elle parfois? Libre arbitre, humanité, individualisme contre bien commun, toutes ces questions se posent aux personnages principaux des Derniers jours du paradis.
C’est un roman prenant et bien mené que nous livre cette année Wilson, même si l’on peut regretter une approche un peu trop Young Adult par rapport à ses romans précédents, un besoin d’expliquer et réexpliquer des concepts, des faits, des rapports causes-conséquences qui sont très bien compréhensibles sur la distance, mais que l’on nous ressasse, histoire d’être sûrs de ne pas nous perdre? Mais même un Wilson moyen reste un bon bouquin!
Les derniers jours du paradis ne restera pas comme une grande œuvre dans la bibliographie de Robert Charles Wilson mais se présente comme un bon divertissement, et peut faire une porte d’entrée intéressante pour des néophytes en science-fiction.
342 pages
Denoël Lunes d’encre
Marcelline