Connaissez-vous la querelle qui a opposé San Pietro et San Paolo ? Le Père éternel a été obligé de venir trancher… Et les facétieux San Sebastiano et San Pancrazio, qui aiment titiller San Luigi, quels énergumènes ! Et ces querelles qui opposent les ordres mineures de notre sainte mère l’Église, il y auraient de quoi en remplir plusieurs livres !
Toto, le jeune Romain au service du Baron Corvo pendant son séjour en Italie, les connaît toutes, ces histoires. Fouineur, gouailleur et rigolard, il se plaît à conter à son étranger d’employeur ces fabulettes qui se transmettent oralement de générations en générations dans les rues de Rome et les traverses des églises. Les jeux des chérubins et les engueulades entre saints, les prises de tête des jésuites et des franciscains. Toto les connaît toutes (saviez-vous que la mamma de San Pietro était la femme la plus méchante que l’on ait jamais vu? Mais où la Madonna avait-elle la tête, je vous le demande?).
Ces 6 nouvelles, rapportées par le Baron Corvo, sont empruntes d’un folklore religieux qui peut nous paraître suranné, mais la vivacité que met Toto à les raconter, son phrasé entre parler des rues et tournures précieuses qui nous fait entendre l’italien à la lecture, nous amène tranquillement, le sourire aux lèvres, sur un petit nuage, à côté des chérubins et des séraphins, regarder Saint Sébastien et Saint Pancrace courir après Saint Luc pour l’embêter, et l’on imagine sans mal le Père éternel, sur le nuage d’en face, la tête sur les mains contemplant son œuvre d’un œil amusé.
Des histoires teintées d’une douce ambivalence, les corps de ces jeunes hommes, saints ou humains, tous plus sensuels et merveilleusement décrits donnent à ces récits de paradis une pointe de souffre posée avec une fausse naïveté qui nous tire un sourire en coin.
Figure méconnue et quelque peu controversée, le Baron Corvo, Frederick Rolfe de son vrai nom, a le don de soulever notre intérêt et attiser notre Curiosité. La préface très alléchante de Julien Delorme sur le personnage ne peut que donner envie de creuser dans la vie et l’œuvre du Baron.
Six récits aussi courts qu’amusants pour percer le secret des Saints, qui n’ont finalement pas grand-chose d’impénétrable et de mystérieux !
77 pages
Traduit de l’anglais par Francis Guévremont
Préface de Julien Delorme
Éditions L’oeil d’or
Marcelline