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Réacteur 3 [Fukushima] Ludovic Bernhardt

Ludovic Bernhardt – Réacteur 3 [Fukushima]

Tandis que le débat sur l’utilisation des énergies nucléaires occupe une place importante dans la présidentielle, il est parfois utile de se pencher sur le sujet avec le regard d’une création poétique. En effet Réacteur 3 [Fukushima] de Ludovic Bernhardt revient sur la catastrophe nucléaire survenu au Japon en 2011. Le poète, déjà auteur de Work Bitch aux Éditions Jou, s’empare des images filmées par le robot Little Sunfish, qui erra dans les eaux radioactives de la centrale. Et on ressent un sentiment d’effroi face au chaos post-apocalyptique qui est décrit dans ce livre. Bien que ne s’attachant qu’à décrire les images, Ludovic Bernhardt réussit à pointer la déshumanisation et la perte de contrôle.

Car la spécificité de Réacteur 3 [Fukushima] est justement de ne faire que décrire des images, sans analyses, juste des descriptions avec des mots savamment choisis. Ce qui provoque l’effroi est justement cette accumulation de termes issue du lexique du chaos et du désastre. Le robot se retrouve perdu dans un milieu hostile, où la radiation est si puissante que même cet élément non-humain a du mal à analyser les eaux sombres du réacteur. Les mots utilisés traduisent une poésie au plus proche du désastre et renvoie à toutes les peurs ancestrales.

Ces descriptions produisent une esthétique bien particulière, que l’on peut aussi retrouver dans les graphiques stylisés par l’auteur visible dans le livre. En plus d’écrire, Ludovic Bernhardt est artiste visuel, diplômé de l’école du Fresnoy. Il a donc une connaissance sur les images assez poussée pour comprendre leurs enjeux. Cette écriture descriptive a un effet hypnotisant. Nous sommes comme figés face à ces mots décrivant la catastrophe, obnubilés par la part de beauté que recèle un tel spectacle post-apocalyptique.

Donc, en plus d’interdire l’homme, la radiation fascine, empêche une quelconque action capable de rattraper le pire. Et nous repensons aux débats actuels sur le nucléaire. Car cet ébahissement ressenti répond en partie à cette capacité très occidentale de nier l’évidente dangerosité du nucléaire. En 2011, nous étions interdits de penser autre chose, comme si les images du robot Little Sunfish nous empêchaient de prendre une décision salvatrice. Mais aujourd’hui, tandis que les images vieillissent et revêtent un caractère imaginatif, certain-e sont capable de remettre en doute une évidence, celle de la dangerosité et de l’éternelle capacité de l’Homme à produire les outils de son propre effacement.

 

Éditions LanskineRéacteur 3 [Fukushima] Ludovic Bernhardt

64p

Adrien

À propos Adrien

Passionné de poésie contemporaine et attaché à l'écriture sous toutes ses formes, engagée ou novatrice.

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