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Lumière sur… #6 : Organic Éditions, les Petites Bulles d’Univers

Les aficionados des salons littéraires et certains curieux chanceux ont peut-être croisé, au détour d’un stand ou d’un rayon, de beaux, fins et longs livres. Ornés d’un trou en leur centre et magnifiquement illustrés, les titres de la collection Petites Bulles d’Univers ne manquent pas d’accrocher l’œil. Un dernier livre a voulu te présenter, lectrice, lecteur, cette petite collection qui oscille entre littérature et arts plastiques.

livresPBUPouvez-vous nous présenter la maison d’éditions ?
Organic est une maison d’édition créée autour d’un collectif d’artistes – « La machine à bulles » – composé d’un auteur, de plasticiens, de graphistes dont certains sont également musiciens, et qui a pour vocation de rapprocher les Arts Plastiques et la Littérature.
Nos livres nous ressemblent, ils sont hybrides. Ils reflètent nos goûts et notre volonté de créer des ponts entre plusieurs disciplines artistiques.
La collection PETITE BULLE D’UNIVERS est originale à plus d’un titre :
– Au lieu de partir d’un texte, nous demandons à des auteurs de s’inspirer de l’univers d’un plasticien pour écrire une nouvelle de fiction.
– Les visuels de nos ouvrages sont l’œuvre de plasticiens et de graphistes, non pas d’illustrateurs. C’est ce qui fait toute la force de la collection.
– Les auteurs auxquels nous faisons appel sont tous issus des littératures de « mauvais genres », notamment des littératures de l’Imaginaire.
– Nous mettons un point d’honneur à respecter un strict équilibre entre le texte et l’image.

Cette alchimie particulière fait de PETITE BULLE D’UNIVERS des ouvrages magiques et uniques, qui offrent à nos lecteurs la possibilité de s’immerger dans des univers multidimensionnels, où le sens se construit de façon intuitive, strate après strate, d’écho en écho.
Nos livres s’adressent aux amoureux de l’Art sous toutes ses formes.

Comment est née cette maison ?
Organic est née en 1983. D’abord label musical, nous avons édité notre premier livre fin 2004, puis nous sommes orientés définitivement vers l’édition en 2005. Nous avions tous en commun la passion des livres. Nous avons entrepris de réaliser un rêve. Un rêve exigeant dans lequel tous les membres du collectif ont investi beaucoup de passion et de temps. Nous publions seulement un livre par an, car nous accordons beaucoup de soin à la dimension artistique et littéraire de nos ouvrages : le choix du plasticien, des travaux qui apparaîtront dans le livre, le choix de l’auteur qui écrira la nouvelle inspirée de l’univers du plasticien. Avant tout, nous opérons des unions ou des « mariages » d’Univers.

Comment se fait la collaboration entre les différents artistes des petites bulles d’univers ?voiron1
Nous choisissons un plasticien, membre du collectif ou pas, puis en fonction de l’Univers de ce dernier, nous choisissons un auteur en fonction de ce que nous connaissons de lui, de ses précédents écrits. Nous lui présentons une sélection des travaux du plasticien et le thème qui nous semble en sortir. Pour notre dernier livre, BOXing Dolls, de Pierre Bordage et Laura Vicédo, le thème était l’enfermement, la difficulté à communiquer, le tout en rapport avec l’essor de la technologie. Pour l’ouvrage précédent, l’Animal de Francis-Olivier Brunet et Sylvie Lainé, le thème était le rapport à l’Animal ou à l’Animalité dans notre société. Le plasticien et l’auteur ne se rencontre pas durant tout le processus. Nous savons d’expérience que les échanges ne sont pas toujours fructueux, l’auteur pouvant brider sa créativité pour la mettre au service du plasticien, ce qui n’est pas du tout notre but. Nous voulons fusionner des Univers, nous choisissons un auteur parce que nous pensons que ce qu’il a à dire peut résonner au diapason de l’univers du plasticien. Et surtout nous voulons une nouvelle de fiction, une histoire qui raconte quelque chose en rapport avec les émotions que suscitent les œuvres, l’auteur même s’il doit s’inspirer de l’univers du plasticien est invité à exprimer sa propre sensibilité.
Une fois la nouvelle écrite, Philippe Aureille, le concepteur de la collection, réalise l’ouvrage. Son intervention consiste à fusionner deux univers, en terme de mise en page et de choix des visuels.
voironPour BOXing dolls, par exemple, Laura Vicédo a confectionné une centaine de poupées, je pense, et l’ouvrage doit en contenir une vingtaine environ. Les poupées dont s’est inspiré Pierre Bordage ne figurent pas toutes dans le livre. Plus improbable, certaines des poupées figurant dans BOXing dolls, n’ont pas été vues par Pierre Bordage, car Laura Vicédo a continué à créer ses figurines en parallèle. C’est une très bonne chose, ainsi l’auteur comme le plasticien sont surpris lorsqu’ils découvrent l’ouvrage. Le plasticien découvre le texte que son travail a inspiré, et l’auteur découvre de nouveaux visuels, et les deux découvrent l’univers issu de l’union de leurs deux visions.
Et pour le lecteur, chaque ouvrage réserve une surprise, qu’il connaisse l’auteur ou le plasticien ou aucun des deux. Notre démarche donne le jour à des ambiances, des univers différents de ce que l’on trouve habituellement en librairie.

Est-il compliqué de faire participer des auteurs ou des plasticiens en-dehors du collectif ?
Oui et non. Oui parce qu’il s’agit de collaboration et que tout travail collectif nécessite des concessions. Oui, parce que les « mariages » sont difficiles, il faut être vigilant, et avoir une idée préalable de ce que l’on cherche à obtenir. Non, parce que si l’alchimie prend, elle donne un élan, elle communique un enthousiasme, qui galvanise les énergies. Tout travail collaboratif fonctionne ainsi, il me semble.

Organic est une petite maison, n’est-ce pas trop compliqué pour la diffusion et la mise en avant des titres ?
visuel A6 organic editionsC’est compliqué. Nous sommes présents sur des festivals, des salons, et dans quelques librairies de l’Imaginaire, voire même dans des librairies de musées. Nous organisons aussi des expositions dans les galeries (en ce moment, une exposition Petite Bulle d’Univers se tient à la Galerie Place à L’Art, à Voiron, jusqu’au 26 novembre 2016) , ou des évènements.
Nous tirons à seulement 1000 exemplaires et ne sortons qu’un livre par an, nous ne sommes pas intéressants pour les distributeurs ou les diffuseurs. Dernièrement, nous nous sommes rapprochés d’autres petites éditeurs des littératures de l’Imaginaire, à travers l’initiative du « Dépôt imaginaire », à Lyon, avec notamment Actu-SF, Malpertuis, Le Chat Noir, le Peuple de Mu, Armada….
L’union fait la force, surtout pour les petits.

Une mise en lumière sur un titre en particulier ?
BOXing dolls, notre dernier ouvrage, bien sûr. Nous en sommes particulièrement fiers pour plusieurs raisons, d’abord parce que nous avons eu la chance decouvertureboxdolls travailler avec Pierre Bordage, l’un des plus grands auteurs de Science-Fiction, si ce n’est le plus grand, qui nous a écrit un space opéra apocalyptique, humain et plein de sensibilité, qui nous a surpris et ravi, ensuite parce que c’est un ouvrage magnifique visuellement, et très cohérent dans l’ensemble. La notion d’alchimie qui caractérise la Collection a trouvé dans cet ouvrage sa plénitude d’expression.
La 4ème de couverture :
Unique planète tellurique du système de Katrin, TERN porte bien son nom. Un monde gris, inhospitalier, impropre à la vie. Au fil de mes excursions, la surface désertique a confirmé ma première impression.
Il n’y a rien ici. Rien qui vaille la peine qu’on s’y attarde.
Puis le 7ème jour, j’ai fait une découverte troublante : une figurine en chiffon enfermée dans une boite en fer munie de barreaux.
Une poupée emprisonnée…

Quel serait votre top 5 des livres à lire de votre collection ?
Nous n’avons pas de top 5, nos ouvrages sont tous différents, et nous les aimons tous. Mais s’il faut à tout prix choisir, nous parlerons des différents auteurs qui ont contribués à la collection. Nous avons déjà évoqué Pierre Bordage ou Sylvie Lainé, mais d’autres grands noms figurent au catalogue, comme Alain Damasio ( Ouvrage El Levir avec Philippe Aureille) ou Karim Berrouka (Cyclones avec Bruno Leray) qui vient de recevoir le Prix Julia Verlanger, ou encore Li-Cam (Bébeth, la faiseuse de possibles et Boboth, la machine à rêver avec Laura Vicédo).
La Collection « PETITE BULLE D’UNIVERS » a permis à des auteurs et des plasticiens de se faire connaître et à d’autres de sortir de leur genre ou de leur mode d’expression de prédilection pour s’aventurer sur des terres vierges.
Mais si nous devons mentionner un ouvrage qui résume parfaitement l’esprit de la collection ce sera Tête à Tête de Li-Cam et Bruno Leray. La nouvelle raconte l’histoire du peintre, Picassiette, qui se lance le défi de faire le portrait de Léonard Centête, l’homme au mille visage, célèbre poète. Pendant que Picassiette s’échine à faire le portrait de son ami au visage changeant, Léonard Centête écrit son autobiographie. Le livre Tête à Tête est à la fois une visite de l’exposition de Picassiette, et un condensé de l’autobiographie de Léonard Centête. Tête à Tête parle de la quête d’identité, mais il parle également de ce souffle que partagent tous les créateurs, qui ont pour habitude de s’inspirer et se nourrir les uns des autres.
Cette histoire traduit ce que nous attendons de la collection PETITE BULLE D’UNIVERS.

Un dernier livre remercie Li-Cam, directrice littéraire, pour ses réponses.
Pour en savoir plus sur la collection et les éditions, c’est bien sûr par là !

Tu peux avoir un aperçu de l’un de leur titre en suivant ce lien, et je te propose également de découvrir ci-dessous une modeste chronique de Fuite de fluide, quatrième titre de cette bien belle collection.

Tirée du lit, alors que la nuit règne encore, par une fourbe série de goutte d’eau s’écrasant bruyamment contre l’émail du lavabo, notre narratrice va tenter de tromper l’insomnie provoquée par le rythme la fine fuite. La baignoire, refuge au débit contrôlé, sera son échappatoire. Et tandis que la détente envahit son corps, l’eau du bain commence à s’agiter, à se déchaîner autour d’elle, renfermant, qui sait, dans ses flots, quelque monstre marin ou aventurier au long cours.

Aventurière dans un environnement mystérieux et dangereux, notre héroïne va devoir lutter contre l’incarnation de ses peurs, prendre les commandes, créer et détruire par ses mots. Qui est-elle vraiment dans ce monde ? Quels affrontements se jouent ?

Dans cette aventure étrange et poétique, Li-Cam joue avec nous et surtout avec elle-même. Véritable plongée dans un monde étrange ou rêve éveillé, l’écrivaine raconte la lutte de son alter-ego (ou était-ce l’inverse ?) sur la mer déchaînée de la création. Illustrée par les photographies de Jean-Emmanuel Aubert, qui viennent guider notre imagination tout en lui donnant de quoi se nourrir et se perdre, Fuite de Fluide tient autant du récit initiatique, de la découverte de soi que du conte. La dimension plastique de l’ouvrage lui donne une force d’immersion plus vivace et une capacité à l’appropriation par le lecteur encore plus forte, montrant bien par là qu’un livre ne s’arrête pas uniquement aux mots, mais que de nombreux arts peuvent venir enrichir et participer, à hauteur, à la narration.

Li-Cam, Jean-Emmanuel Aubert et Philippe Aureille

À propos Marcelline

Chroniqueuse/Co-Fondatrice

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