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Antonio Scurati – M, l’enfant du siècle.

Magnifique lecture que ce premier tome de la trilogie M, Mussolini, l’enfant du siècle de l’italien Antonio Scurati qui nous plonge dans le bain heurté, brutal et solitaire de l’ascension politique du Duce dans une Italie faite de provinces encore très mal unies, tissées de grandes misères et secouée par les traumatismes de la Grande Guerre.

L’écriture de Scurati, très visuelle, quasi cinématographique nous donne à voir le laboratoire des “idées”, du groupuscule milanais “Fasci italiani di combattimenti” ( Les Faisceaux de combat) de 1919 qui se transmue en parti fasciste italien en assassinant le député Matteotti le 10 juin 1924.

Antonio Scurati, mêlant fiction et recoupements historiques (articles de presse, documents officiels, échanges épistolaire) retrace les six années au cours desquelles d’obscur activiste et journaliste sans scrupule Benito devient Duce, homme-état.

L’auteur fait ici un travail généalogique très important pour comprendre les motivations premières des fascistes de 1919. Au sortir de la première guerre mondiale, l’italie est exsangue et humiliée par les 14 points du président Wilson qui la prive des nombreuses possessions territoriales et coloniales attendues. Laissés pour compte de la Grande guerre, emplis de ressentiments et de haine de soi, les fascistes se recrutent parmi les vétérans, hommes violents et perdus dans une société qui les nient, il seront les premiers à suivre Benito Mussolini qui les comprend d’instinct et sait leur parler… “inutile de le nier, je suis comme les bêtes: je sens l’air du temps”. 

Le 15 avril 1919 les fascistes attaquent le siège du journal Avanti! via del Corso à Rome. Cette agression marque le début des troubles fratricides qui ravageront l’italie jusqu’en 1926.

Le 12 septembre 1919, Gabriele d’Annunzio s’empare de Fiume et fait sécession avec le gouvernement qu’il accuse d’être responsable du désastre des négociations inter-alliés. Il enjoint Mussolini à le soutenir jusqu’au bout et à marcher sur Rome. Ce dernier l’abandonne à son sort, courtise les parlementaires et se fraie un chemin au milieu des contradictions. Articles après articles, discours après discours, de revirements en trahisons et de négociations en coups de force Mussolini bâtit sa destinée et s’empare du pouvoir dans cette Italie qui ne demande qu’à être prise, qui, au fond, ne demande qu’à s’unir après les ravages entre communistes et squadristes. 

Pourtant le meurtre du député socialiste Mateotti aurait bien pu sonner la fin de son ascension et l’histoire se serait achevé ainsi mais ce macabre baptême ouvre sur un nouveau cycle de violences et débouche sur un regime dictatorial. En reconnaissant l’assassinat Mussolini franchit le Rubicon des interdits et saccage le destin d’une nation pour se maintenir au pouvoir.

La suite au tome 2…

 

Traduit de l’italien par N Bauer.

Éditions, Les Arènes. 

800 pages,

Lisa

 

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