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revue If n°50 et revue Catastrophes n°3

Ce qui saute aux yeux en rapprochant les deux couvertures du numéro 50 de la revue If et du numéro 3 de la revue Catastrophes est la représentation bien différente du corps masculin. Comme le faisait remarquer Pierre Vinclair sur les réseaux sociaux, celui de Catastrophes est « mieux foutu que le bonhomme d’If ». Au-delà de la blague, ces deux revues illustrent parfaitement la vitalité de l’écriture contemporaine et particulièrement de la poésie. Dans les différences qui les opposent se trouvent une large gamme créative.

 

Ce 50ème numéro de la revue If est fortement emprunts de dettes à plus d’un titre. Il s’agit du premier numéro qui sort après la triste disparition de Jean-Jacques Viton puis peu après celle d’Henri Deluy. Tous deux ont fondé cette revue avec Liliane Giraudon. En cela l’entretien de Liliane Giraudon avec Michaël Battala que l’on peut lire ici doit être reçu comme un témoignage (Il fut réalisé quelques semaines avant la mort de Jean-Jacques Viton) sur ce que fut la revue If et sur la poésie qui y fut défendue. On peut également trouver en ouverture de ce numéro un texte de Nanni Ballestrini qui décrit le poète disparu en 23 apostilles où il manque l’adjectif le caractérisant.

Ce numéro n’est pas seulement le témoin des deux disparus. Hubert Colas laisse la place aux nouvelles écritures. On peut y lire trois textes écrit à l’occasion du John Giorno Poetry Day écrit respectivement par Jody Pou, Nicolas Richard et A.C. Hello. If fait aussi une belle place à deux jeunes écrivains découverts quasiment au même moment : David Lopez (Fief paru aux éditions du Seuil en 2017) et Simon Johannin (L’été des charognes aux éditions Allia en 2017). Ce numéro donne à voir aussi des réalisations graphiques et notamment celle de Capucine Johannin qui travaille étroitement avec Simon. Les « femmes ordinaires » de l’artiste afghane Kubra Kadhemi remplacent les hommes des légendes religieuses et les figures spontanées de Laurent Eisler nous font ressentir le mouvement.

Le numéro 3 de la revue Catastrophes permet de se rendre compte du travail de Pierre Vinclair en collaboration avec Laurent Albarracin et Guillaume Condello. Ce numéro est intitulé « Poésie pour le début et la fin des mondes ». Il est divisé en quatre parties : Dit impossible, Rites rêvés, Traduit en langue fauve, Mondes Suspendus. Cette construction nous fait lire la revue comme un livre ou les textes se répondent. Du texte de Frédéric Dumond écrit en plusieurs langues aux fantômes de Wendy Chen (traduit par Geoffrey Pauly) en passant par la surprenante poésie d’Osvaldo Lamborghini traduite et présentée par Guillaume Contré, chaque intervention raconte la poésie dans ses débuts et fins des mondes.

Cela n’empêche pas la diversité car entre la dense pensée de Jean-Claude Pinson et l’érotisme des textes de Rodrigo Dela Pena Jr., il y a bien des différences. Tout ne pourra pas plaire ou plutôt, certains textes parleront plus nettement dans cet ensemble harmonisé comme un ensemble vocal. Il y a dans chaque texte une recherche de justesse. Ainsi la poésie endeuillée de Denise Riley touchera fortement celle et ceux qui ont vécu un deuil, car la poétesse anglaise traduite ici par Guillaume Condello dit des mots qui résonnent fortement.

Ainsi souhaitons à If et à Catastrophes de continuer à nous faire découvrir l’écriture dans ce qu’elle a de plus vivant, comme pour nous faire réaliser que l’écriture est autant accessible par son approche du monde nouveau que dans sa finesse à décrire le passé.

Revue If n°50

Mai 2021

Les solitaires intempestifs

Revue Catastrophes n°3

Juin 2021

Le corridor bleu

 

À propos Adrien

Passionné de poésie contemporaine et attaché à l'écriture sous toutes ses formes, engagée ou novatrice.

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