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Sauvages, enfants du bois sauvage

Enfants turbulents, débordants de joie de vivre, de bêtises et de rire, petites fariboles mises à l’honneur au fil de trois livres jeunesse plein de soleil.

 

Il y a prêt de 12 000 ans, entre les fils enchevêtrés d’une très vieille histoire transmise oralement de génération en génération dans une langue aujourd’hui disparue, se trouvait un malabar pourfendeur de monstres dénommé Beowulf. En partant d’un poème vantant ses exploits, un auteur passionné a décidé de créer un nouveau récit en en conservant certaines particularités stylistiques. C’est ainsi que née Béa Wolf, môme vêtue d’une peau d’ours en peluche, experte de la balle au prisonnier et dernier espoir de Cœur-arbre, la forteresse du royaume des enfants. Depuis bien des lunes, la couronne passe d’un gosse à l’autre sans heurt, chacun·e veillant avec sagesse et sucreries sur son domaine. Mais depuis quelques semaines, le terrible Grindle leur mène une guerre sans merci. Rendu fou par les éclats de rire et les fêtes jusqu’à point d’heure, le sinistre voisin au profil arachnéen n’a qu’une idée en tête : se débarrasser de cette marmaille aussi bruyante que joyeuse en transformant chaque gamin·e en ado boutonneux·se et ennuyeux·se !

Incroyable fresque épique et véritable ode à l’enfance, Béa Wolf est un petit bijou qui brille aussi bien par le texte jouant avec les sonorités, les allitérations et les assonances que par l’illustration à couper le souffle. Dans cet album, tout est agencé avec minutie et lyrisme, pour notre plus grand plaisir ! Dans cette adaptation, les enfants sont rois et reines, bagarreur·ses et vaillant·es. Chaque objet déclenche leur imaginaire, chaque lieu devient un terrain de jeu, tandis que les adultes sont enclavés dans leur quotidien sinistre et ennuyeux, régi par des règles aussi absurdes que celle d’aller se laver les dents avant de se coucher ou encore de manger des légumes. Souvent caricaturaux, ces derniers sont représentés sous des traits difformes et effrayants, tout en crocs et en paroles doucereuses. Mais les gosses ne sont pas dupes, et seront prêts à lutter de toute leurs forces pour se préserver du terrible passage à l’adolescence. 

Si le conte originel a inspiré les plus grands (dont J.R.R. Tolkien notamment), qu’il a été transformé au fil des âges par les évolutions de la langue et des mémoires, aujourd’hui il se déploie à travers une magnifique épopée. Impossible de ne pas être émerveillé·e par la beauté des illustrations signées Boulet ou de ne pas être porté·e par la poésie abracadabrante et acérée de Weinersmith. Un chef-d’œuvre. 

Béa Wolf
De Zach Weinersmith, illustré par Boulet
Traduit de l’anglais par Aude Pasquier
208 pages
Albin Michel

 

 

Quel meilleur endroit que Saltkrån pour passer les vacances d’été ? Situé au large de Stockholm au milieu d’autres charmantes et minuscules îles, cet archipel promet repos, parties de pêche et ballades en barque à la famille Melkerson. Le père, écrivain sensible et bricoleur maladroit, a loué la Maison du Menuisier, une ravissante vieille bicoque à façade rouge qui va rapidement devenir un lieu de refuge pour toute la smala. 

Composée de Malin, l’ainée aussi belle qu’attentionnée, les deux frères aventuriers Johan et Niklas et enfin du petit dernier Pelle, qui lui adore les animaux, la joyeuse fratrie va en effet vite prendre ses marques et se lancer à la découverte de ce bout de terre et de ses habitant·es. On y trouve notamment la jeune Tjorven, une gamine effrontée et débrouillarde toujours accompagnée par son énorme chien Bosco et partante pour les bêtises les plus ébouriffantes ! Ensemble, iels sont les enfants de l’archipel, le temps d’un été ou peut-être bien pour toute la vie…

Découpé en une quinzaine d’histoires où l’on suit les Melkerson et leurs nouveaux et nouvelles ami·es au fil des saisons, Nous, les enfants de l’archipel est un roman imprégné de douceur et de nostalgie. Signé par Astrid Lindgren, autrice de la célèbre Fifi Brindacier, ce roman brille de la même malice délicieuse. Il faut dire qu’Astrid Lindgren possède ce pouvoir magique : celui de se placer à hauteur d’enfant sans pour autant infantiliser ou abrutir. Par son style joyeusement espiègle doublé d’une finesse toute farfelue, elle brosse des personnages attachants et solaires, que l’on ne souhaite plus quitter.
Chaque chapitre détient son propre lot d’aventures et de petites surprises. Les jolis plaisirs du quotidien sont parfois obscurcis par la peine ou la crainte, mais tout se termine toujours bien, qu’il fasse grand beau ou qu’il pleuve des cordes.
Loin d’être tranquilles, les vacances de la famille Melkerson vont s’avérer riches en trouvailles de toutes sortes : nouvelles amitiés, adoption de chevreau, lapin ou bébé phoque, cabane secrète et autres petits déjeuners en compagnie du chant des oiseaux et du vol des guêpes, tout cela pourrait bien être le parfum du bonheur.

Empreinte d’une douceur et d’un humour uniques, Nous, les enfants de l’archipel est une lecture réjouissante, ponctuée d’éclats de rire et de poésie toute simple. Un magnifique roman à savourer et faire découvrir aux plus jeunes et aux plus grand·es, à partager comme un précieux rayon de soleil.

Nous, les enfants de l’archipel
D’Astrid Lindgren, illustré par Kitty Crowther
Traduit du suédois par Alain Gnaedig
École des loisirs
368 pages

 

 

Lorsqu’on évoque une petite fille recueillie par son grand-père et vivant à ses côtés sur un alpage en Suisse, on pense immédiatement à Heidi, héroïne créée par Johanna Spyri, dont les aventures ont enchanté des générations d’enfants. Imaginez à présent ce même décor tranquille où les éclats de rire font écho à l’immensité des montagnes… et où les morts se réveillent et sortent de leurs tombes, affamés.

Préparez-vous, car dans Heidi contre les zombies, l’autrice K.Hayoz et l’illustratrice Maya Mrak revisitent le grand classique de la Littérature jeunesse à grands coups de meules de fromage fatales et de batailles de crottes de chèvre !
Aux côtés de ses fidèles ami·es Pierre et Claire, la fillette va devoir faire preuve d’autant de sang-froid que de malice afin de ne pas finir en casse-croûte.
Amitié piquée d’une pointe de jalousie, esprit d’entraide et de débrouillardise rythment l’histoire pleine de rebondissements, qui promet frissons et fous rires aux jeunes lecteur·rices ! De plus, les illustrations aux couleurs vives et au style cartoonesque sont fortes de détails appuyant le décalage cocasse et asticoté de ces aventures d’Heidi 2.0 !

Heidi contre les zombies
De Katie Hayon, illustré par Maya Mrak
Traduit de l’anglais par Aurélie Odiet
Helvetiq
96 pages

À propos Caroline

Chroniqueuse

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Un commentaire

  1. Merci pour ce joli petit résumé de Heidi contre les Zombies!

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