Neuromancien, est le premier roman de William Gibson. Paru initialement en 1984, il va faire naître le terme « Cyberpunk » lorsque Dozois dans le Washington Post utilisera ce terme pour la première fois pour parler de ce roman.
Roman culte ? Fondateur ? Roman à la réputation incroyable, mais que, finalement, peu de gens lise vraiment ? Intéressons-nous au Neuromancien.
« Le ciel au-dessus du port avait la couleur d’une télévision allumée sur une chaîne défunte. »
Case, un ancien hacker, qui après avoir tenté de doubler son employeur s’est fait griller une partie de son système nerveux suite à l’injection d’une mycotoxine russe en représaille. Ne pouvant plus se relier à la réalité virtuelle, et ne pouvant plus exploiter ses talents, il erre inlassablement dans les bas-fond de a mégalopole. Mais tout va basculer, lorsque Armitage, un énigmatique employeur, accompagné d’une mercenaire aux doigts tranchant, le retrouve et l’embauche pour monter un coup dans la matrice et la promesse de retrouver ses capacités grâce à une opération qu’Armitage se propose de prendre en charge. Commence dès lors le plus grand casse virtuel de toute l’histoire de la fiction !
Quelle ambition et audace en un seul roman, surtout pour un premier roman ! Car oui, il s’agit bien ici du premier roman d’un futur auteur culte, William Gibson. L’auteur maîtrise totalement son sujet et propose un premier roman foisonnant et codifié sans pour autant tomber dans l’arrogance de certains auteurs de « hard-science », l’univers du Neuromancien est riche et dense, mais ses codifications se comprennent assez intuitivement et rapidement, ce qui offre, de part cette immersion imposée, une plongée totale dans l’œuvre. Quitter la réalité, épouser la fiction.
Car il s’agit bien ici, sous ses airs de roman d’espionnage et de braquage mâtiné de science-fiction, de questionnement sur ce qu’est l’humain, ce qui le caractérise, et surtout qu’elle est son avenir. Questionnant en permanence les limites du corps et son incapacité croissante à s’adapter à un monde en évolution se détachant de la nature et se connectant de plus en plus par ondes et données.
Dès lors qu’est-ce qu’un humain ?
Le genre Cyberpunk prenant son élan avec son roman, néanmoins le style n’est pas apparu comme par magie. Que ce soit Blade Runner ou toute la science-fiction et le transhumanisme qui ont ponctués le vingtième siècle, ce vivier a permis petit à petit d’édifier et codifier minutieusement un genre que William Gibson a su magnifiquement synthétiser et s’approprier pour créer cette oeuvre fondatrice. Oeuvre qui à son tour continua de grandir pour devenir ce que nous propose aujourd’hui Blade Runner 2049 ou Cyberpunk 2077.
Œuvre majeur du style Cyberpunk et plus largement de la Science-Fiction, le Neuromancien a influencé bon nombre d’œuvres depuis sa création. Qu’il s’agisse, forcément, de la trilogie Matrix, ou encore d’Inception, mais aussi Interstellar pour son vaisseau monde. Mais le roman a également influencé des développeurs de jeux vidéo, des dizaines de titres et jusqu’à très récemment avec Ghostrunner ou bien encore comme cité précédemment Cyberpunk 2077 se revendique de l’influence de ce dernier.
Le Neuromancien est le premier volet d’une trilogie qui sera complété par l’éditeur Au Diable Vauvert avec Mona Lisa s’éclate et Comte Zero, tous trois bénéficiant de l’excellente traduction de Laurent Queyssi, et d’une charte graphique somptueuse empruntant l’univers très « Cyberpunk » de Josan Gonzalez pour les couvertures.
Le Neuromancien est culte, mais bien au-delà de ça, il faut lire le Neuromancien, pour l’influence de l’œuvre, pour la richesse du titre et pour ce qu’il a à offrir. Un titre indispensable, une trilogie incroyable.
Au Diable Vauvert,
Trad. Laurent Queyssi,
439 pages,
Ted.