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couverture Daisuke Igarashi Hanashippanashi

Daisuké Igarashi- Hanashippanashi

Daisuké Igarashi est un mangaka à l’univers onirique et mélancolique. Ses personnages juvéniles sont sensibles à la myriade détails voguant autour d’eux, qu’il s’agisse d’une mouche à tête d’hippopotame, d’annonciateurs de printemps aux quatre bras ou encore de clochettes d’été oubliées. 

Daisuke Igarashi Hanashippanashi image

Dans les deux tomes composant la série Hanashippanashi, Patati Patata il écrit une quarantaine de nouvelles fantastiques où le merveilleux se superpose imperceptiblement au réel. De son trait fragile et délicat, il donne vie à des êtres souvent issus de sa propre imagination tout en étant néanmoins universels, car ils évoquent et personnifient la nature dans ses moindres détails. 

On ressent à chaque dessin et à chaque mot son souhait profond de se reconnecter à celle-ci: même lorsque les paysages sont urbains, il y a toujours une part de magie ancestrale qui subsiste et se révèle à ceux qui ne sont pas aveuglés par la futilité du monde moderne humain.

image Hanashippanashi Daisuke Igarashi

Les décors illustrés par Daisuké Igarashi mettent en scène aussi bien le secret des forêts, l’immensité du ciel ou bien la profondeur de la mer que le fouilli poétique des petites ruelles japonaises et de ses villages. Tout y est vivant, chaleureux, bien qu’immanquablement étrange.

La moindre petite chose prend un sens nouveau sous la finesse de son trait et la lucidité de son discours: les cailloux s’amusent pendant les chaudes nuits d’été, les animaux, insectes et végétaux disparus suite à des travaux d’urbanisme se réunissant une dernière fois pour fêter leurs ultimes funérailles.
Mais des esprits aux formes plus humaines se glissent également entre les pages de ces historiettes: des femmes aux longs cheveux, un petit homme coiffé de paille courant à toute vitesse ou encore une jeune personne se métamorphosant en chat sont autant de références au folklorique nippon et de ses yokaïs.

Hanashippanashi Daisuke Igarashi image
Si Hanashippanashi est le premier ouvrage du mangaka, il a poursuivi cette réfléxion proche de la nature dans la globalité de  son travail, avec un soucis très présent de veiller sur elle, de la protéger.
Son univers évoque celui d’Hayao Miyazaki mais aussi celui du manga La forêt de Miyori d’Hideki Oda, de plus il met en scène le même type de personnages qu’eux.

En effet, la plupart des protagonistes de ces trois artistes sont souvent des enfants assez jeunes, parfois amenés à se joindre à des personnes extrêmement âgées. Les adultes sont rares, ou bien ils jouent un rôle secondaire et ne perçoivent pas vraiment ce qui se passe..
L’enfance symbolise la pureté, l’innocence mais aussi l’ouverture d’esprit face au merveilleux et au magique. Ellet n’est pas pervertie par la lutte brutale que mène l’homme adulte pour s’élever au dessus de sa condition naturelle, de la détruire.
La vieillesse représente bien sûr la sagesse mais aussi l’écho lointain, la dernière trace d’individus encore connectés à des croyances ancestrales et fantastiques, porteurs des savoirs et des connaissances du monde d’autrefois. 

Ces nouvelles forment en quelque sorte une mélopée respectueuse de la moindre existence, de la plus petite vie. En piochant dans des comptines pour enfants ou des croyances populaires au premier abord loufoques et désuètes, Daisuké Igarashi signe un manga d’une extrême sensibilité et d’une jolie poésie, fourmillant de détails et d’imagination.
Le lire plonge dans un état mélancolique, un peu comme si on se réveillait d’un songe rempli de roches murmurantes, d’étoiles qui filent et de poissons qui chuchotent aux oreilles du vent.
C’est tout simplement très beau.

image Daisuke Igarashi Hanashippanashi

Editions Casterman
Collection Sakka
2 tomes de 253 et 252 pages
Traduit du japonais par Ryôko Sekiguchi & Sahé Cibot
Caroline

À propos Caroline

Chroniqueuse

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