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Delia Owens Là où chantent les écrevisses Seuil

Delia Owens – Là où chantent les écrevisses

Delia Owens, autrice américaine, est zoologiste et biologiste. Elle a publié trois ouvrages importants consacrés à la nature et aux animaux. Là où chantent les écrevisses est son premier roman. Véritable succès d’édition, celui ci a trouvé un écho positif dans le monde entier. Il vient d’être adapté au cinéma par Olivia Newman. Il y est question d’une cabane au fond d’un marais, d’un cadavre dans la boue et de très jolis poèmes.

Dans les marais de Caroline du Nord, vit Kya, une petite fille que tout le monde a abandonnée. En ce début des années 50, elle est la benjamine d’une fratrie de six enfants. Quand leur mère a fui son mari et une existence miséreuse, tous ont suivi un à un. A six ans, Kya n’a déjà plus que son père à ses côtés. Mais alcoolique, violent et très souvent absent, il ne s’occupe pas beaucoup d’elle. Elle doit survivre tant bien que mal, imitant les gestes de sa mère pour se nourrir.

Parfois, la nuit, elle entendait des bruits qu’elle ne connaissait pas ou était réveillée par un éclair tout proche, mais chaque fois qu’elle trébuchait, la terre la remettait sur ses pieds. Jusqu’à ce qu’un jour, sans qu’elle en prenne vraiment conscience, la douleur qu’elle avait au cœur s’écoula comme de l’eau dans le sable. Elle était toujours là, mais cachée au plus profond. Kya posa la main sur la terre mouillée et vivante, et le marais devint sa mère.

Les années passent, Kya et le marais ne font plus qu’un. Source de nourriture, terrain de jeu et d’aventure, le marais est aussi un refuge qu’elle connaît mieux que personne. Elle sait s’y fondre sans laisser de trace. C’est ainsi qu’elle échappera aux services sociaux et n’ira à l’école qu’une seule traumatisante journée au cours de sa vie. Stigmatisée et ostracisée, elle est désignée en ville comme la « Fille des marais » et se trouve être la cible de préjugés dégradants dans la communauté de Barkley Cove.

Désormais en parfaite harmonie avec la nature, Kya n’a besoin de personne pour subvenir à ses besoins mais sa solitude lui pèse parfois. Elle aperçoit de loin sur la plage les gens de son âge, leurs jeux et leurs flirts. Jusqu’à se surprendre à imaginer faire partie de leur groupe. Pourtant, elle reste à leurs yeux la bizarre et inquiétante fille des marais.

Néanmoins grâce à Tate, qui a autrefois été l’ami de son frère, Kya apprend enfin à lire et à écrire. Elle redécouvre avec passion son marais dans les livres. Plus tard, elle publiera mêmes ses propres livres sur la faune et la flore. Mais avant il lui reste à découvrir l’amour. Et la trahison, encore une fois.

Des années plus tard, le corps de Chase Andrews est découvert sans vie dans la boue fertile du marais. A l’exact opposé de Kya, Chase est un jeune homme dont on dit qu’il a réussi. Des études à l’université, une belle voiture et un rôle de quaterback dans l’équipe de football : il fait l’unanimité à Barkley Cove. Et sa mort va bouleverser la vie de tout le monde.

Là où chantent les écrevisses est un roman d’aventure et d’apprentissage, l’histoire d’une fille qui n’a pu compter que sur elle même pour devenir une femme. Par bien des aspects, ce roman se classe aussi dans le genre du Nature writing. Le marais ici n’est en effet pas un simple décor mais un personnage à part entière et l’alter ego de Kya.

Par ailleurs, Delia Owens, biologiste née en 1949, a sans doute retranscrit une importante part d’elle même dans son personnage principal. L’autrice a également su donner un côté thriller à son récit, et distille avec talent quant à l’enquête sur la mort de Chase.

Ce roman, qui suit Kya jusqu’à la fin de sa vie, est un objet fascinant aux multiples facettes. On y devine enfin une philosophie écoféministe, Delia Owens dénonçant dans le même élan les violences envers Kya et contre le marais. La façon dont certains veulent s’approprier Kya de force entre en écho avec la destruction du marais par les promoteurs.

Qu’avaient fait ces gens à la terre ? Les maisons, tels des cartons à chaussures identiques, s’accrochaient à leurs pelouses bien tondues. Des flamants roses picoraient dans un jardin, mais quand Kya, surprise, se retourna, elle s’aperçut qu’ils étaient en plastique. Les cerfs, en ciment. Les seuls canards qui volaient dans les parages étaient ceux qu’on voyait peints sur les boîtes à lettres.

Enfin, Là où chantent les écrevisses est un roman riche, subtile et prenant, beaucoup trop vite terminé et surprenant jusqu’à la dernière page.

Delia Owens Là où chantent les écrevisses SeuilParu le 2 janvier 2020 aux éditions du Seuil

Titre original : Where the Crawdads Sing,

traduit de l’anglais (Etats Unis) par Marc Amfreville

480 pages

Amélie

À propos Amélie

Bibliophage et souris de bibliothèque depuis 1989.

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