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John Crowley – Le silex et le miroir

Nous avions eu la chance de découvrir (redécouvrir pour certains), l’auteur américain de fantasy et de science-fiction, John Crowley au travers de son précédent roman, le fascinant « Kra ». Avec une quinzaine de romans, des recueils de nouvelles et un essai, l’auteur fait figure d’outsider stylistique. Dans « Kra » nous pouvions découvrir au travers d’une écriture poétique, un auteur se voulant plutôt minimaliste et dans la retenue, disitillant deçi-delà des éléments constitutifs, fabriquant un univers à part et passionnant.

Avec « Le silex et le miroir », John Crowley semble continuer un chemin, que l’on pourrait dire crépusculaire, et propose au travers de l’histoire d’Hugh O’Neill un voyage plus profond dans les terres (dépouillées) « crowlienne ».

c’est en suivant la vie et le parcours d’Hugh O’Neill, figure emblématique de l’histoire de l’Irlande, s’opposant aux Tudors, et à Elizabeth en l’occurence, que nous parcourons le Royaume-Uni, et plus particulièrement l’Irlande. Une Irlande terre des deux mondes, des légendes, de magie, et de folklore unique. De sa jeunesse en Irlande, puis en Angleterre, de son retour au pays à sa fin de vie à Rome, John Crowley nous plonge, à sa manière dans les tumultes de l’histoire, tout en lui insufflant une part de magie et de mystère.

On pourra peut-être reprocher au roman de rester sur le côté de l’histoire. Car ici l’auteur en choisissant d’ancrer son roman dans une réalité historique, en offrant des passages tellement remplis de détails, que nous semblons tomber dans une forme de dialogue historique de l’Irlande se faisant écho à lui-même et pouvant rebuter voir dérouter les amateurs de fiction pure. Mais ce serait très réducteur. Une fois passé ce côté supprenament abondant, l’auteur tient bien son récit du début à la fin, offrant une histoire cohérente et riche.

Ainsi, en nous plongeant de la vie d’Hugh O’Neill, au travers du regard de ce dernier, nous ne pouvons que mieux comprendre la construction narrative. Qui tout en offrant une grande précision, n’oublie pas de nous apporter des moments de poésie remplis de nostalgie d’un côté, en parallèle du parcours et la construction d’un homme dans une période remplie d’affrontements et d’enjeux.

Ce qui a pour effet de donner l’impression paradoxale de voir un Hugh O’Neill totalement passif, mais bien ancré dans son histoire pour autant.

L’auteur, sans aller aussi loin dans l’appropriation, que Le Guin a pu faire avec Lavinia, se permet tout de même quelques incartades, quelques fantaisies, en faisant vivre la magie irlandaise par petites touches. Et c’est ici l’autre point important à souligner, jamais l’auteur n’oublie son fil, au contraire, chaque fantaisie, chaque élément purement fictionnelle, vient répondre ou renforcer une situation, donnant une notion de destin au parcours d’Hugh O’Neill.

Alors que retenir du nouveau roman de John Crowley ?

Il s’agit d’un récit rempli de poésie, à l’écriture élégante et magnifiquement traduit par Patrick Couton. Un texte qui dans sa véracité historique, n’oublie pas de rester une œuvre de fiction à part entière et s’impose comme étant redoutablement cohérente. Ainsi, John Crowley offre un regard passionné sur cette Irlande, cette terre de guerres et de légendes, et nous propose un roman d’ambiance efficace et malin.

Éditions L’Atalante,
La Dentelle du cygne,
Trad. Patrick Couton,
320 pages,
Ted.

À propos Ted

Fondateur, Chroniqueur

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