Laura Lam – La lumière lointaine des étoiles

Alors que nous avions découvert Laura Lam en France avec « Coeurs Artificels », nous pouvons apprécier son écriture dans un deuxième roman soigneusement traduit par Hermine Hémon & Erwan Devos, un huis clos peu commun qui questionne en filigrane notre société actuelle.

Expatriée californienne ayant posé ses valises en Écosse, Laura Lam connaît un succès croissant aux États-Unis. Ayant obtenu les Sunday Times Bestselling & award-winning pour sa trilogie « DragonFall », elle est également enseignante en écriture créative à Edimbourg.

Alors que notre planète Terre est en péril, dû aux trop nombreuses ingérences humaines bouleversant le climat et la rendant quasiment invivable dans certaines zones, un groupe d’astronautes, composés de cinq femmes partent pour Cavendish, une exoplanète, afin d’y construire le renouveau de l’humanité.

Mené par Valérie Black, une femme d’affaires à la tête de l’industrie aérospatial ” Hawthorne”, ce groupe se voit également constitué entre autres par Naomi, sa fille adoptive et botaniste.

Mais ce voyage n’est pas souhaité par tous. Bien que le projet soit de Valérie Black, le gouvernement américain, devenu très réactionnaires, raciste et homophobe – décidément Trump et les Qanon sont une matière inépuisable de fiction- change au dernier moment l’équipage pour les remplacer que par des hommes. Ce qui a pour conséquence d’obliger Valérie Black et son équipage de voler la navette pour rejoindre en orbite le vaisseau interstellaire Atalanta et partir pour cavendish. Un braquage dantesque pour tenter de construire une utopie ailleurs et d’espérer perpétuer la race humaine.

Laura Lam, tout comme Mary Robinette Kowal, font partie d’une vague d’autrices qui apporte une alternative d’anticipation en développant un univers de science-fiction très proche du roman spéculatif. Ici, l’actualité du roman se retrouve très proche de notre monde actuel. Ainsi, nous pouvons voir où les humains en sont à cause de leurs ingérences climatiques, au niveau de la biodiversité et aussi de l’impact sur nos sociétés. Un monde où il ne fait plus bon vivre.

Les sociétés humaines ont basculé dans une régression rationnaire complète, en lutte permanente avec les migrants climatiques, ayant une vision plus fondamentaliste avec des retours à des valeurs très masculinistes et patriarcales. Ce qui une fois passé à la moulinette de l’échelle RWA de Bob Altemeyer, exploserait tous les scores.

Et c’est bien là que se retrouve la force du roman de Laura Lam, en devenant spéculatif, il nous interroge. Il questionne sans cesse notre regard sur notre monde actuel, et nous oblige à comprendre ce qui se produit aujourd’hui aura des conséquences demain tout en développant devant nos yeux un possible glaçant tant vraisemblable concernant nos sociétés en devenir. Tout en se permettant de nous parler de voyage intergalactique, et de sociétés à rebâtir, sous quelle condition, selon quel modèle, comment éviter de reproduire nos erreurs passées, et quel impact pour l’environnement de la nouvelle Terre.

D’une écriture simple et élégante, Laura Lam nous propose une histoire efficace, un huis clos finement mené et un questionnement philosophique, politique et social intéressant. « La lumière lointaine des étoiles » est un excellent roman de science-fiction/anticipation qui en plus de nous divertir nous questionne invariablement sur notre devenir.

Éditions ActuSF,
Collection Perles d’épices,
Trad. Hermine Hémon & Erwan Devos,
451 pages,
Ted.