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Nic Pizzolatto – Galveston

En 1987 à la Nouvelle Orléans, un gangster : Roy Cady que l’on surnomme Big Country, originaire du Texas et travaillant pour un mafieux du coin, apprend par son médecin qu’il est atteint d’un cancer des poumons. La mort dans l’âme et le sens de son existence mis à mal, son boss l’envoie en mission. Mission qui va s’avérer être un traquenard dont il réchappera de peu et sauvera la vie d’une jeune fille. Dès lors Roy Cody et la jeune Rocky décident de prendre la fuite, de quitter la Nouvelle Orléans et d’aller se perdre dans leur Texas natal.

Avant True Détective, Nic Pizzolatto a écrit un recueil de nouvelles (inédit en France pour le moment), et un roman. « Galveston » est ce roman, un roman aussi noir, sombre et violent que ce que vous avez pu découvrir dans la série. Des décors lourds, angoissants, une nature sauvage, des villes à l’abandon, des cabanes au milieu de nulle part. Des motels et des restos routiers crasseux et malsains. Des personnages abimés par la vie, usés par leur quotidien. Des personnes qui ne cherchent ni à faire le bien ou le mal, seulement survivre dans ce monde, et ce par tous les moyens. Mais c’est également un roman qui va révéler un Roy Cady de plus en plus humain, à travers sa rencontre avec Rocky et surtout la troisième personne qui va prendre place dans la voiture, Roy va petit à petit changer, et surtout entre-apercevoir une vie qu’il aurait pu avoir. Ce qui va se révéler aussi paradoxal que déchirant pour un homme en fin de vie.

« Elle m’a dit que son prénom était Raquel mais que tout le monde l’appelait Rocky. Surtout, elle était terrorisé et, si ce qu’elle venait de traverser aurait pu rendre pas mal de gens mutiques, elle parlait comme un mainate. J’aurais tendance à croire qu’à un certain moment de sa vie, avant les événements de ce soir-là, elle avait appris qu’on peut survivre à tout. « Mon nom de famille, c’est Aceneaux. » Elle l’a prononcé à la française. « Tu vas me tuer ? »

Un premier roman donc, mais surtout un coup de maitre, ce qui est assez rare pour un jeune écrivain. La maitrise du rythme est impeccable, l’ambiance très travaillée, et la profondeur des personnages rappelle ce qu’un certain Richard Ford est capable de faire dans ses meilleurs jours. L’histoire défile sous les yeux et prend au tripes, ne vous lâche pas et le final est très certainement de la même qualité que le final de « Ténèbres prenez moi la main » d’un certain Dennis Lehane. Une bonne grosse et belle claque, un roman qui démontre que tout reste encore à faire dans l’univers du roman noir. Un livre aussi ambitieux, pertinent et travaillé qu’ « Un nommé Peter Karras » de George Pelecanos.

« Il y a des expériences auxquelles on ne peut survivre ; après elles, on n’existe plus entièrement, même si on n’a pas réussi à mourir. »

Un roman indispensable, à lire et relire pour tous les amateurs du genre, les amoureux de littérature américaine ou les fans de True Detective. Un auteur talentueux et, espérons-le, qui reviendra à la littérature pour nous offrir d’autres romans de cette trempe là !

Galveston10/18,
Trad. Pierre Furlan,
310 pages.

Ted.

À propos Ted

Fondateur, Chroniqueur

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