Rosinski et Van Hamme, voici deux noms qui semblent familiers… Et pour cause, c’est à eux que l’on doit la célèbre série d’heroic fantasy Thorgal! Ce duo mythique de l’univers de la Bande Dessinées, fondateur de nombreux titres connus et reconnus par les fans de phylactères, nous sert ici un one-shot savoureux, sur fond de légendes et de personnages fantasmagoriques.
J’On, un Chninkel esclave d’un des trois cruels immortels régnant en maitres sur le monde de Daar, survit miraculeusement à une bataille, énième lutte sanglante d’une guerre qui dure depuis des temps immémoriaux. Alors que la nuit tombe, cette créature qui n’a toujours connu que la servitude, se rend vite compte qu’elle a échappé à son quotidien de malheur pour finalement mourir de faim au milieu de nulle part. Mais le destin va en décider tout autrement: une mystérieuse forme descend des cieux, pour accorder à J’On le Grand Pouvoir, qui l’aidera à apporter la paix entre les membres de la trinité belliqueuse. Mais en cas d’échec de sa part, l’apocalypse engloutira ce monde, pour le purger de ce terrible fléau qui le ronge.
Malgré lui, le frêle Chninkel va se voir devenir porteur d’un mystérieux don et d’une quête qui lui semble bien trop lourde et bien trop périlleuse. Avec une naïveté et une pureté enfantines, il va cependant faire tout son possible pour complaire au Maître Créateur des Mondes et accomplir la mission que celui-ci lui a confié. Sur son chemin, il sauvera entre autre la jolie G’Wel et Bom-Bom, primate faisant office de chaire à canon et rencontrer Volga, créature à la multitude d’yeux et de bouches, capable d’adopter la forme qu’elle souhaite. Son périple l’emmènera aux pieds des trônes des trois perfides tyrans ; Zembria la cyclope, reine des Amazones, Jargoth le Parfumé et son peuple androgyne aux traits empoisonnés, Barr-Find Main Noire, gouvernant des brutes couvertes d’airains.
De dimensions flottantes en royaumes maudits, J’On et G’Wel vont ainsi tenter de redonner raison aux fous et tenter de libérer les peuples et créatures opprimées.
Si la recette du héros fragile et sans dons apparents porteur malgré lui du destin du Monde reste assez simple, le style narratif et graphique apportent une saveur particulière à cette BD. Le trait caractéristique de G. Rosinski, pointu et réaliste, donne une véritable profondeur aux personnages, tandis que le scénario de Van Hamme nous amène à un bouquet final aussi inattendu que grandiose. Moins sombre et torturé que Thorgal, cet ouvrage joue également sur l’aspect candide de son protagoniste principal, ce qui amène à des scènes assez drôles, au second degrés marqué.
Toujours entre deux mondes, mélangeant habilement les mythes, les croyances populaires, les êtres réels et ceux issus de l’imaginaire, les deux auteurs signent ici un ouvrage trop peu connu, qui mérite vraiment qu’on le découvre.
Pour ceux qui ont aimé et adoré Thorgal, Le Grand Pouvoir du Chninkel sera une bande-dessinée qui n’a rien à envier aux autres oeuvres du duo, et deviendra vite un incontournable.
166 pages
Caroline