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Top 5 2016 # Héloïse

L’année est bientôt terminée, l’hibernation voudrait bien être au programme, au chaud, avec de bons bouquins!
Mais le temps ne nous appartient jamais vraiment alors avec les copains d’Un dernier livre nous vous en faisons gagner et c’est à mon tour de vous présenter les lectures qui m’ont le plus marqué cette année!
Le choix ne fut pas aisé.

Reinhard Jirgl, Le silence, Éditions Quidam, 2016

Ce livre est un miracle. Miracle de traduction tout d’abord. Jamais lecture ne m’avait tant fait penser aux mots, à leurs sens et au travail périlleux du passage d’une langue première à d’autres mots. Le travail de Martine Rémon est tout simplement stupéfiant. Trois années de travail pour donner à lire aux francophones un livre aussi étrange qu’indispensable. Pascal Arnaud ne s’y est pas trompé. Ce livre mérite de faire du bruit. Pas un bruit de fond, non, bruit qui court et grand bruit.
Car ce roman est surtout le miracle du flirt avec le paradoxe.
Tant de mots pour exprimer l’absolue nécessité de dire l’absurdité. Celle des liens et des appartenances, pater/patrie et des guerres qui s’ensuivent. Guerres mondiales, guerres intimes. Mais absurdité aussi qu’il y a à dire.
Jirgl se joue des mots et du silence. Des mots que l’on jette, que l’on tente, que l’on laisse planer, ceux qui « ne se disent pas », ceux que l’on tait et ceux que l’on regrette sans en être sûr.
Des silences trop pleins, vides de forme amplis de sens. Vertige.
Un siècle d’histoire allemande, deux lignées. Petites et Grande histoires. Que des mots et des silences. Des photos pour des mots-ment(eurs). Pour ? Faire l’inventaire ? Briser les lignes coupables qui lient les générations ? Il faut dire et parfois il faut se taire. Quand tout a été dit, reste le silence.
Ce silence restera.

Bob Shacochis, La femme qui avait perdu son âme, Éditions Gallmeister, 2016

Fresque familiale, roman d’espionnage, thriller, histoire d’amour, réflexion romanesque sur ce qui mène le monde, La femme qui avait perdu son âme est un roman dense, sombre et troublant, extrêmement prenant. Il est paru en janvier chez Gallmeister. Dix années de travail pour l’auteur et une bien belle publication pour les dix ans de l’éditeur.
Shacochis nous fait suivre une lignée familiale née dans le sang et l’horreur de la guerre : une dyade mère-fils, puis plus tard père-fille, dont les destinées individuelles sont intimement liées aux soubresauts de l’Histoire, subis ou conçus dans l’ombre.

Ma chronique complète ici.

Revue Reliefs collection 2016

Une grande découverte que cette revue consacrée cette année à l’exploration des dernières frontières: abysses, tropiques, pôles et galaxies.
Invitation au voyage au sens noble du terme qui conjugue les grandes aventures humaines à tous les temps et sans frontières.
La revue Reliefs s’adresse à tous les curieux du monde et de son exploration, dilettantes ou plus informés, avec une rigueur exempte d’élitisme et une tonalité accessible qui n’abaisse jamais le niveau de contenu.
Chaque numéro contient une somme de trésors visuels dénichés avec ce qui apparait une fois de plus comme un amour et un émerveillement partagé avec le lecteur.

Chronique ici et ici

Thibaut Klotz, L, Le nouvel Attila, 2016

Polar atypique, roman à mystères, L. nous perd avec délice dans les pas d’un policier peu ordinaire à la recherche d’une femme fatale tout aussi étonnante, sur fond de suicides dans le monde de la finance.
Un premier roman à la croisée des genres et des temps, envoûtant et à l’élégance folle, tant dans l’écriture que dans son intrigue.
L’amour, le temps et la vérité y sont noués comme les fils d’un tissage élégant et subtilement coloré. Un vrai plaisir de lecture et un nouvel auteur à suivre chez Le nouvel Attila !

Ma chronique ici.

Max Porter, La douleur porte un costume de plumes, Éditions du Seuil, 2016.

Encore un premier roman, un immense coup de cœur.
L’histoire d’un homme, terrassé par la perte de sa femme et le devoir de continuer à vivre, avec ses deux enfants. Mais c’est l’histoire surtout de son deuil, à travers un corbeau, qui débarque un soir et « s’attaque » à sa douleur autant qu’il l’incarne. Le deuil s’invite, dérange, attaque les certitudes désespérées, les impossibles et les impensables. C’est une sale bête salutaire, exubérante et sans pitié, luttant pour la vie.
Le livre aborde un sujet difficile, avec la justesse des sentiments, une grande intelligence du propos et même avec drôlerie!
Conte tragi-comique, farce fantastique, ce livre est à la fois humble et prodigieux.

Chronique du collègue Teddy ici.

Image du bandeau de l’article: Après le bal, Ramon Casas y Carbo, 1895

À propos Héloïse

Chroniqueuse

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