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Max Porter – La douleur porte un costume de plumes

« La douleur porte un costume de plumes » est le premier roman d’un tout jeune auteur, Max Porter. Editeur pour la maison d’éditions Granta en Angleterre, Max Porter ose franchir le pas de l’écriture et a composé sur le deuil très certainement un des livres le plus original qui soit traitant de ce sujet.

« Il y avait une odeur lourde de putréfaction, un doux fumet duveteux d’aliments tout juste périmés, et de mousse, et de cuir, et de levure.

Des plumes entre mes doigts, dans mes yeux, dans ma bouche sous moi un hamac de plumes qui arrachait mes pieds au carrelage.

Un œil de jais brillant et gros comme mon visage, qui cillait lentement dans une orbite de cuir fripé, un renflement au milieu d’un testicule taille ballon de football

CHHHHHHHHHT.

Chhhhhhhhhht. »

Dans un petit appartement londonien un homme et ses deux garçons vivent, enfin tentent de survivre à la mort de la mère. Un soir, quelques jours après la mort de sa femme, on frappa à la porte, avec insistance, mais aucune forme derrière la porte, aucune lumière, que du noir et une forte odeur. De ce néant un courant d’air projeta le père et Corbeau apparut devant lui, droit comme un i, doué de parole, d’ailleurs très bavard et assez cocasse.
La mission du corbeau ? Combler le manque, être le confident, le baby-sitter, l’analyste, le compagnon de jeu ou encore d’écriture pour le père. Accompagner les garçons et le père le temps que le deuil se mette en place, que l’abandon de soi cesse.

« La douleur porte un costume de plumes » s’inspire du vécu de l’auteur – Lui et son frère ont perdu leur père jeunes – et très certainement du besoin d’en parler, mais aussi du poème de Ted Hugues – Corbeau – et de la relation de ce dernier et de sa femme Sylvia Plath qu’il perdut en 1966. D’ailleurs le père est obsédé par Ted Hugues et son poème corbeau au moment où sa femme meurt. Coïncidence corbeau apparaît peut de temps après. Figure mythologique, imagination collective par besoin de combler un manque, ou encore escroc patentée, Corbeau devient le pivot du texte, qui va organiser la vie des personnages et le rythme du texte. Corbeau fait basculer le récit dans un enchainement de points de vue, de dialogues, de fables, de réflexions et transformer ce deuil en un texte drôle, loufoque, coloré et même lumineux par moments.

De ce petit texte au sujet lourd, et grâce à la brillante idée de l’auteur, « La douleur porte un costume de plumes » est tout sauf un texte dur ou pleurnichard, mais bel et bien un comte beau et réjouissant emprunt de légèreté. Un hommage au père de l’auteur, à Ted Hugues et Sylvia Plath, un premier texte à lire, relire et chérir avec une traduction de Charles Recoursé somptueuse.

« Un souvenir, une alerte, une touche de nuit pour le matin.
Une petite pause dans le chagrin.
Je te donnerai de quoi occuper tes pensées, j’ai chuchoté. IL s’est réveillé et il ne m’a pas vu contre la noirceur de son trauma. »

corbeauSeuil éditions,
Trad. Charles Recoursé,
122 pages.
Ted.

À propos Ted

Fondateur, Chroniqueur

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