Un dernier livre avant la fin du monde WebZine Littéraire
Derrière le mystérieux titre Mû, Véronique Vassiliou propose une véritable enquête en profondeur sur le mouvement. Ce n’est en rien une recherche scientifique, mais une exploration poétique et imaginative sur ce sujet. Mû est à la fois un livre qui bouge et sur ce qui bouge. La poète invoque diverses références après les paragraphes qui composent le recueil. Son aspect foisonnant permet un plaisir de lecture augmenté. Lire Mû, c’est partir à l’aventure à la fois dans un univers parallèle et rester dans le nôtre. Véronique Vassiliou y invente un monde et en même temps creuse notre réalité face au mouvement.
Mû est une aventure autant par sa recherche esthétique que thématique. Ce n’est pas pour rien que le titre fait référence notamment à une bande dessinée de la série Corto Maltese d’Hugo Pratt (Mû, la cité perdue). Il est aussi le début du mot mutation et de ce qui mue. Ce caractère aventurier du livre de Véronique Vassiliou se retrouve dans un imaginaire très étendu. Elle y crée des mots comme cette cerce fictive et les cerceurs ou encore la station Gyro. Il y a quelque chose d’enfantin dans cet imaginaire, les cerceurs, c’est finalement une manière ludique d’évoquer les chercheurs, avec un petit zozotement. Mû propose une poésie ludique, n’invoquant aucun sacré, ni blessure d’âme.
Ce livre est composé de plusieurs formes : de l’écriture poétique, des citations provenant à la fois de la littérature que de la presse et aussi du dessin. Véronique Vassiliou y développe une pratique à la croisée des genres. Mû est brodé de fils bariolés, qui produisent un résultat hétéroclite où on aime se perdre. C’est aussi un livre écrit à plusieurs. En effet, à la fin, la poète fait appel à d’autres voix pour évoquer la perte de repère. Même si ce n’est pas un guide, la poésie qui se dégage de Mû est utile pour capter ce que le mouvement a de proprement étourdissant, ce qui reste nécessaire dans nos vies parfois trop statique.
144p
Adrien
