Les services publics, on le sait, sont mis à mal depuis les années 80. Dans son ouvrage consacré au mot Public, Antoine Vauchez revient sur le saccage du public au profit de l’économie de marché. Condensé en 100 pages, il propose également une sortie de secours pour rétablir un équilibre entre public et privé en redonnant du sens à certaines missions essentielles de l’État. Cet ouvrage s’inscrit dans l’incontournable collection Le mot est faible des Éditions Anamosa. Public peut se lire comme un rouage de l’ensemble que compose cette collection, car Antoine Vauchez évoque la question de la démocratie, de l’émancipation et de l’enjeu de l’environnement. Tous ces mots ont déjà été évoqués lors de précédents ouvrages.
La notion de Public est importante à l’heure où les crises multiples comme celles du climat et de la santé sévissent. Antoine Vauchez démontre à quel point le néo-libéralisme a mis à mal le public, en le déstructurant et en proposant des réformes venant trahir l’enjeu sociétal des institutions publiques. On l’a vu avec la pandémie, le service de santé français n’a fait que souffrir encore plus des décisions politiques. L’élection du président Macron puis sa réélection enfoncent le clou d’une politique néo-libérale qui s’établit irrégulièrement depuis les années 80.
La solution selon Antoine Vauchez résiderait sans doute dans ces crises qui sévissent actuellement dans nos sociétés. Celles-ci peuvent enclencher des prises de conscience importantes et établir des enjeux déconnectés du marché économique. Au-delà, c’est aussi par l’essor des sciences sociales que la notion de Public peut être conservé, leur rôle consiste en grande partie à mesurer les enjeux sociaux dans nos démocraties. Elles sont des garde-fous primordiaux bien qu’elles aussi ont été mises à mal par la privatisation sourde des universités.
Public d’Antoine Vauchez ne se vautre pas dans le pessimisme le plus noir. Au contraire, le politiste et universitaire dresse un constat avec le plus de franchise pour mieux proposer en conclusion des alternatives concrètes. D’ailleurs, Antoine Vauchez l’explique en note de remerciement, ce livre n’aurait pas pu voir le jour sans tout le travail qu’il mène avec ses collègues, au sein d’un séminaire à l’EHESS, mais aussi avec le podcast Public Pride qu’il anime avec Anne-Laure Delatte et Stéphanie Hennette. Ce livre s’inscrit plus que jamais dans la collection Le mot est faible. Il vient apporter un nouveau regard sur un terme important de notre société tout en reflétant la vitalité de la recherche, donc d’une certaine forme de résistance.
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Adrien
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