C’est un étrange livre que publient les éditions Série discrète avec La vie érotique de l’art d’Eileen R. Tabios traduit par Samuel Rochery. Il s’agit en fait d’une section du livre original The Awakening paru en 2013. Cette poète est inconnue en France. Originaire des Philippines, elle vit actuellement en Californie où elle propose une œuvre « exploratoire et protéiforme ».
Ce texte semble être une digression, créé plutôt pour impulser une vocalise qu’une réelle réflexion sur l’art et la sexualité. En effet, il est sous-titré « Une séance avec William Carlos Williams », avec qui la poète discute en l’appelant docteur. Récemment, Frank Smith disait de ce livre que « Les questionnements [y] sont mélodiques ». C’est effectivement tout l’intérêt de cette séance.
On assiste à une accumulation d’anecdotes sur les artistes et les maladies sexuelles. C’est un flux qu’Eileen R. Tabios rompt volontiers pour effectuer des virages vers d’autres sujets. L’écriture s’apparente au langage commun, qui virevolte dans toutes les directions. On ne sait si c’est la pensée qui dicte l’écriture ou si c’est l’inverse.
Dans La vie érotique de l’art, la poète s’adresse à nous, un peu à la cantonade. On pourrait déclamer ce texte dans la rue que l’on nous prendrait pour un de ces fous ordinaires soliloquant dans la ville. C’est ce qui fait l’étonnante liberté de ton qu’emprunte Eileen R. Tabios pour développer le tapis de son écriture. On peut d’ailleurs se mettre à rêver que ce texte soit inscrit sur un long rouleau telle une parole sans cesse chahutée par sa pensée.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Samuel Rochery
48p
Adrien