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Jirô Taniguchi – Le Journal de mon père

Alors que cela fait au moins une quinzaine d’années que Yôichi n’a pas rendu visite à son père, il apprend le décès soudain de celui-ci. Tout d’abord peu enclin à se rendre à la veillée funèbre, il décide finalement de retourner dans sa ville natale pour assister comme il se doit à la cérémonie. Lorsqu’il pose le pied à Tottori, c’est pour se trouver face à un subtil mélange de nostalgie d’enfance et d’étonnement, tant les lieux ont changé au cours des dernières années. 

Dans la petite pièce où repose le corps, Yôichi retrouve ses proches. Sa sœur, sa belle-mère et son oncle sont notamment présents et se remémorent les souvenirs qu’ils ont du disparu. L’alcool aidant, les langues se délient et les esprits se désinhibent, et il découvre avec surprise des facettes inconnues de ce père qu’il a toujours considéré comme étant distant et indifférent. Entre les paroles de celles et ceux qui l’ont côtoyé et aimé, il entraperçoit un homme dévoué et aimant, dont la discrétion est apparue comme de la froideur aux yeux de son fils.

Le journal de mon père Jirô Taniguchiimage Le journal de mon père Jirô Taniguchi

Au travers du Journal de mon père, Jirô Taniguichi revient notamment sur le terrible incendie de 1952, qui a ravagé une importante partie de Tottori et fait des milliers de sinistrés. En entrecroisant ainsi fiction et faits réels, l’auteur mêle la petite histoire à la grande, plaçant ses personnages au cœur du Japon des années 40-50 pour signer une chronique émouvante de cette époque. 

La maison de ses parents et le salon ont disparu en fumée. Dorénavant privés de toit, ils vont devoir mettre de côté leurs rêves et repartir de rien, serrant les dents pour reconstruire leur avenir sur des cendres. Ce drame va énormément impacter leur dynamique de couple, créant une fissure qui se transformera en un fossé infranchissable. Frustration latente, rancune inexprimée et honneur occulté se confondent, laissant un souvenir doux-amer dans le cœur de Yôichi qui va tout faire pour quitter sa ville natale et faire sa vie à la capitale, se noyant dans le travail comme son père l’a fait avant lui pour des raisons bien différentes.
Des pans entiers de la jeunesse enfouie de Yôichi lui reviennent alors par vague, entrainant dans leur sillage aussi bien la douceur de la lumière caressant le plancher du salon de coiffure de son père que le divorce soudain et cruel qui l’a privé de sa mère. Les silences découlant de ces liens brisés ainsi que l’incompréhension grandissante entre un fils et son père refont surface, ballotés au gré des paroles échangées. 

Ce manga poignant traite comme nul autre de la douleur d’un deuil accentué par le regret de mots qui ne seront jamais prononcés, mais brille également par l’importance accordée aux détails de réminiscences qui reflux.
Entre les pages du Journal de mon père sont notamment capturés un rayon de lumière rasant et empli de promesses, le bruit des ciseaux d’un barbier discret et dévoué et les pas d’une valse viennoise. 

Le journal de mon père Jirô Taniguchi
Casterman
Traduit du japonais par Patrick Honoré
280 pages
Caroline

À propos Caroline

Chroniqueuse

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