Maxime Actis avait signé auparavant un petit recueil intitulé Ce sont des apostilles paru aux éditions Série discrète. Discret, il le fut jusqu’à cette publication d’un épais recueil dans la collection Poésie des éditions Flammarion. Mais ce n’est pas une poésie habituelle, pantouflarde ou qui tente d’épater. Les paysages avalent presque tout se situe hors des sentiers battus de la poésie contemporaine.
Le poète ne fait ici pas d’effets stylistiques mais note simplement des souvenirs de sa vie nomade. Par des descriptions, parfois de mots accolés, le poème de Maxime Actis propose un autre rapport au temps. Il conduit celle ou celui qui lit dans une temporalité non linéaire.
Les souvenirs racontés ne sont perceptibles que par une distance prise avec le cours habituel d’un récit. Ils se concrétisent dans l’imaginaire par petites touches disparates. Et ce que l’on voit par les mots qu’utilisent Maxime Actis, c’est tout sauf l’exotisme du voyage.
Il décrit une Europe souvent pauvre, martyrisée par le libéralisme tardif. Nous nous retrouvons sur des parkings de supermarchés, dans des villages isolés. La vie nomade de l’auteur n’est en rien glorifiée. C’est simplement un moyen d’apprécier le monde qui l’entoure avec la valeur du vécu.
Maxime Actis ne fait pas de poésie pour construire du beau. Il fabrique des phrases qui captent les instants, les attrapent pour les retranscrire par des mots choisis avec retenue. De ce livre transparait une élégance propre à celles et ceux qui ne s’accaparent rien.
Les paysages avalent presque tout propose une poésie qui fait du bien parce qu’elle propose une toute autre approche du monde. Maxime Actis restitue la fugacité des lieux et des êtres qui y errent tels des fantômes. Il ne modifie pas le paysage et laisse imaginer la réalité telle qu’elle a pu être. C’est un rapport au concret que la poésie oublie parfois de retranscrire.
275p
Adrien